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Election américaine 2024 : Que Donald Trump gagne ou perde, il a déjà « trumpifié » la vie politique aux Etats-Unis

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La célèbre mèche blonde de Donald Trump n’est pas encore sculptée aux côtés de Georges Washington ou d'Abraham Lincoln. Mais l’absence du candidat républicain à la présidentielle américaine sur le Mont Rushmore ne l’empêche pas d’avoir gravé son empreinte dans la vie politique des Etats-UnisMi-octobre, The Economist consacrait d’ailleurs sa couverture à la « trumpification » de la vie politique outre-Atlantique.

Car en un seul mandat et une petite décennie de vie politique (mais tout de même trois campagnes), le milliardaire a bouleversé le paysage politique - et médiatique - du pays. Qu’il parvienne à se faire de nouveau élire ou non le 5 novembre, son influence est incontestable. « Donald Trump a chamboulé non seulement la vie politique mais jusqu’à la société américaine dans son ensemble. C’est extraordinaire qu’une seule personne ait pu autant marquer une société », s’exclame Olivier Richomme, professeur de civilisation américaine à l’université Lumière Lyon-2.

Trump « dicte les règles du jeu »

« Tous les coups bas sont permis dans les campagnes électorales américaines. Dès dans les années 1800, Thomas Jefferson alors candidat à la présidence, avait été accusé d’avoir eu un enfant avec une esclave noire, rappelle Denis Lacorne, directeur de recherche émérite à Sciences Po et spécialiste de l’histoire des Etats-Unis. Mais Donald Trump ne se contente pas d’invectives à l’encontre de ses adversaires politiques, il vise des groupes humains entiers. » Le magnat de l'immobilier a par exemple récemment affirmé qu'« à Springfield, les immigrés volent et mangent les chiens et les chats ». Entre diatribes agressives et tweets assassins, Donald Trump a ainsi dynamité la communication politique.

Sa liberté de ton ne semble toutefois pas transposable à d’autres candidats, même républicains. « Certains ont essayé comme Ron de Santis [le gouverneur de Floride qui s’était présenté à la primaire républicaine en 2023], mais ils n’ont pas réussi », rappelle Olivier Richomme. Pour lui, Donald Trump « dicte les règles du jeu » mais en parallèle, de nombreuses règles ne s’appliquent pas à lui. L’ancien président n’est en effet pas sanctionné par son électorat pour ses sorties racistes ou ses affaires judiciaires, contrairement aux autres hommes et femmes politiques américains dont le moindre dérapage peut coûter cher.

Le parti républicain « dans un état lamentable »

Si personne ne peut donc « faire du Trump », le magnat de l’immobilier a toutefois profondément « dénaturé le parti républicain », explique Denis Lacorne. « Donald Trump en a fait un parti où la critique est interdite. Il a placé des gens qui sont extrêmes du point de vue idéologique ou religieux et qui, avant lui, n’avaient pas le même poids dans le parti ». Et donc dans la politique américaine, explique le spécialiste des Etats-Unis. Désormais, « il n’y a plus de frontière entre l’homme, ses affaires et le parti », explique Olivier Richomme. « Le parti républicain qu’il va laisser est dans un état lamentable, on se demande bien ce qu’il pourrait en émerger après son départ. »

Le candidat a aussi foncièrement changé la trajectoire du pays en nommant trois nouveaux juges républicains - et particulièrement conservateurs - à la Cour suprême. Les membres de cette instance étant nommés à vie, ces choix de Donald Trump donneront donc la ligne conductrice du pays pour longtemps « Son héritage politique est là, et il aura des conséquences pendant les trente prochaines années au moins », lance Olivier Richomme. L’annulation en 2022 de l’arrêt Roe vs Wade, qui donnait le droit d’avorter à toutes les Américaines, en est l'un des effets les plus retentissant.

L’effondrement de la confiance des électeurs

Enfin, Donald Trump a égratigné la démocratie américaine, peut-être durablement, à coups de fausses informations et notamment d’accusations mensongères de fraudes électorales. « Les fake news ne datent pas d'hier aux Etats-Unis mais pour Donald Trump, ça devient systématique et ça empire au fil du temps », regrette Denis Lacorne. Le politologue cite notamment une fausse vidéo accusant Tim Waltz, le colistier de Kamala Harris, de pédocriminalité. En martelant que les élections avaient été volées, Donald Trump a aussi convaincu de nombreux Américains.

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