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Afrique

Burkina – Roch Marc Christian Kaboré : « Tôt ou tard, Blaise Compaoré devra rendre des comptes »

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photo d'illustration

Six mois après son investiture, le président compte honorer ses promesses de campagne, malgré un contexte économique et sécuritaire difficile. Parmi ses priorités : restaurer l’État de droit. « Plus personne n’est au-dessus de la loi », prévient-il.

Comparaison n’est pas raison, mais tout de même : il y a chez Roch Marc Christian Kaboré beaucoup de Macky Sall (et inversement). Tous deux ont été Premier ministre et président de l’Assemblée. Le Burkinabè comme le Sénégalais ont dû composer avec un patron omnipotent guère pressé de céder la place à un dauphin, quel qu’il soit. Le premier s’est retrouvé avec le frère du président dans les pattes, François Compaoré, présenté comme un successeur possible, le second avec le fils de « Gorgui », Karim, lui aussi annoncé comme héritier putatif.

Dans les deux cas, le succès final des parents des chefs était peu probable – à vrai dire, personne ne sait réellement si cela a été un jour seulement envisagé –, mais ce qui n’était peut-être qu’un spectre a eu des effets considérables sur les carrières respectives de « Roch » et de « Macky ».

Les deux ont dû affronter de véritables traversées du désert, avant d’être élus dans des circonstances particulières, mais sur des bases claires : des présidents « normaux », entrés en dissidence contre des chefs rejetés par la population, mais formés par ces derniers. Calmes, pondérés, ouverts et fins tacticiens, ils ne paient pas de mine. Attention cependant à l’eau qui dort, dit-on…

La comparaison s’arrête là. Roch Marc Christian Kaboré, lui, a hérité d’un champ de ruines sur le plan économique et d’un pays où tout est à reconstruire. Il arrive après une révolution et une transition. Il doit donc gérer l’impatience de ses compatriotes qui pensent que tout va changer en un tournemain, les inévitables phases de chasse aux sorcières et de règlements de comptes qui font perdre du temps, le manque de confiance des investisseurs locaux ou internationaux qui attendent de voir avant de mettre la main à la poche, les renvois d’ascenseur inévitables qui ne permettent pas, pour l’instant, d’effectuer de vrais choix, etc.

 

Il a également sur les bras quelques fantômes ô combien symboliques : Thomas Sankara et Norbert Zongo, mais aussi les « biens mal acquis » de l’ère précédente. De tout cela il s’explique dans un entretien qu’il nous a accordé dans une résidence d’État à quelques encablures de Kosyam, le palais présidentiel qu’il ne goûte guère. Courageusement, faut-il préciser : il souffrait d’une crise de paludisme mais a tout de même voulu honorer son engagement.

Jeune Afrique : Les attentes des Burkinabè, après la révolution puis la transition, sont légion. Et ils semblent de plus en plus impatients. Or vous avez formulé de très nombreuses promesses lors de la campagne présidentielle, comme la création de 650 000 emplois sur cinq ans ou la construction de centres de santé et d’un millier de nouvelles classes dans les écoles. Pensez-vous sincèrement pouvoir les tenir ?

Roch Marc Christian Kaboré : Bien sûr. Mon programme de candidat a été méticuleusement élaboré en ce sens : proposer des mesures concrètes et réalisables avec les moyens dont nous disposons. Arriver au pouvoir dans ce contexte n’est pas une sinécure, mais je ne suis pas là pour simplement exercer la charge et décevoir mes compatriotes. Je tiens à préciser que je travaille pour cinq ans et que c’est au terme de ces cinq années qu’il faudra nous juger, pas avant. Nous ne pouvons régler les problèmes du Burkina, qui sont latents depuis une vingtaine d’années, en six mois ou un an.

Nous avons certes adopté des mesures immédiates, notamment dans les domaines de l’eau, de la santé et de l’éducation, parce qu’il y avait urgence. Mais nous avons hérité d’un budget élaboré par nos prédécesseurs et que nous n’avons pu modifier qu’à la marge. Aujourd’hui, nous sommes en train de rédiger le Plan national de développement économique et social [PNDES] du Burkina Faso. Ce programme sera soumis à nos partenaires avant la fin de l’année.

Et ce n’est qu’à ce moment-là que nous mobiliserons l’ensemble des ressources nécessaires à sa réalisation, ressources qui s’élèvent, comme je l’avais déjà indiqué lors de la campagne électorale, à près de 10 000 milliards de F CFA [environ 15 milliards d’euros]. Nous passerons à la vitesse grand V à partir de 2017.

La situation économique dont vous avez hérité est tendue. Est-elle conforme à celle que vous attendiez avant l’élection ?

La crise au Burkina ne date pas d’hier, elle remonte à 2011, lors de la mutinerie d’une partie de l’armée. Depuis cette date, le Burkina Faso coule doucement. La suite, tout le monde la connaît : une insurrection, une transition délicate, une tentative de coup d’État… Des conditions qui ne pouvaient favoriser ni l’augmentation des ressources de l’État ni la bonne gestion des dépenses, compte tenu des urgences. Nous en avions évidemment conscience, et cela ne change pas grand-chose finalement : nous sommes là pour bâtir l’avenir.

Le niveau, semble-t-il très important, de la dette intérieure vous inquiète-t-il ?...cliquez ici pour lire la suite de l'article

 

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