Les électeurs libériens ont décidé qu’il n’y aurait pas de doublé pour le Ballon d’or 1995. En effet, Georges Weah ne rempilera pas à la tête du Liberia.
Il a lui-même reconnu sa défaite et félicité son adversaire dès vendredi soir, dans une allocution radio-télévisée, alors que la Commission électorale nationale (NEC) avait dépouillé plus de 99% des suffrages du second tour.
Une attitude d’une grande élégance à fort symbole de leçons de démocratie qui mérite d’être soulignée. De fait, cette annonce qui a devancé le décompte final et les résultats définitifs de la NEC a plus que fait baisser la tension sociale qui était perceptible pendant la campagne électorale pour les 2 tours du scrutin. Car les observateurs craignaient que les accusations « d’intimidation et de violences » que se portaient mutuellement les 2 camps nedébouchent sur une contestation des résultats avec des échauffourées, voire pire, d’autant plus qu’ils sont serrés : 50,89% pour Joseph Boakai contre 49,11% pour son adversaire.
Georges Weah a donc désamorcé la bombe sociale que bien des observateurs redoutaient. Il a fait montre d’un flegme de gentleman qui n’est pas sans rappeler son esprit exemplaire de fair-play footballistique quand il irradiait les stades de son grand talent de joueur. Un savoir-faire et un savoir-être qui lui ont valu le surnom de Mister Georges. Après l’avoir bien porté en tant que sportif, il le fait aussi en tant que politique, même si les fruits de son action à la tête du Liberia n’ont pas tenu la promesse des fleurs de son élection en 2017.
En effet, celui qui avait fait rêver les Libériens, en particulier la jeunesse, avec un catalogue programmatique de 282 points n’aura réalisé que 28% de ses promesses électorales d’il y a six ans. La majorité des Libériens auront donc exprimé cette année contre Mister Georges un vote protestataire plus qu’une adhésion franche au programme de son adversaire.
Les fautes que les électeurs, en arbitre souverain, reprochent au Ballon d’or 1995 sont, entre autres, son peu d’engagement contre la corruption, le chômage, la pauvreté et pour les investissements dans les infrastructures. Plusieurs rapports d’organisations crédibles ont ainsi révélé qu’1/5 des Libériens vivaient avec moins d’1,2 dollar US par jour en 2022, pendant que Transparency international épinglait le pays à la 142e place dans son classement de 182 pays selon l’indice de perception de la corruption. Une absence de performances qui a vallu à Mister Georges le carton rouge des urnes.
Son successeur, Joseph Boakay, 78 ans, fera-t-il mieux que celui sur qui il prend une revanche dans un scrutin fort disputé ? En tout cas le nouveau président libérien fut dans sa jeunesse un défenseur engagé des planteurs de palmiers à huile du Liberia avant de diriger le ministère de l’Agriculture de 1983 à 1985. Il passe pour un grand connaisseur du pays et de ses problèmes, lui qui a été pendant 12 ans vice-président de madame Sirleaf Johnson (2006- 2018). Mais son caractère d’homme affable lui a valu le surnom peu flatteur de ‘’ Sleepy Jo’’, ‘’Jo l’endormi’’ par ses adversaires, lui qui passe affectueusement pour un ‘’ vieil homme’’ sage, aux yeux de ses partisans.
Pourra-t-il sortir le Liberia du bourbier des impacts négatifs de 2 guerres civiles (1989-1997 et 1999-2003), des épidémies d’Ebola et de Covid dans lequel il se démène depuis si longtemps ?
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