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Economie

Sergio Pimenta, Vice-président de la SFI: "La capacité des marchés financiers à rattraper le retard de développement de l’Afrique"

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Sergio Pimenta, Vice-président de la SFI

Pendant des siècles, acheteurs et vendeurs se sont réunis pour négocier des titres, investir dans des entreprises viables et lever des fonds pour financer des initiatives importantes. Mais plus de 400 ans après que la Bourse d’Amsterdam est devenue la première à émettre des actions et obligations, les marchés financiers restent peu développés dans trop de pays. 

Cette situation qui expose inutilement les économies à l’instabilité et empêche les capitaux de parvenir aux entrepreneurs en herbe et à des projets vitaux dans les secteurs des transports, de l’électricité et du logement. Des marchés financiers locaux solides constituent une composante essentielle du développement économique. Ils préservent des fluctuations néfastes des flux de capitaux, réduisent la dépendance des pays à l’égard de la dette extérieure et promeuvent la transparence et la bonne gouvernance. 

En Afrique, où un pays sur cinq ne génère pas suffisamment de revenus pour permettre à l’État de s’acquitter de ses missions régaliennes[i], les marchés financiers nationaux représentent une grande opportunité pour rattraper le retard de développement du continent. Le moment est venu de saisir cette opportunité, d’autant que le monde est inondé de capitaux qui ne demandent qu’à être investis et que l’appétit des investisseurs pour le financement du développement ne cesse d’augmenter. 

Les investisseurs institutionnels nationaux et étrangers détiennent plus de 120 000 milliards de dollars d’actifs à travers le monde. Cela dit, ils sont plus que jamais disposés à financer des investissements durables — en 2018, le montant total des investissements dans des actifs durables, tels que les obligations vertes, a atteint 31 000 milliards de dollars dans le monde, soit une augmentation de 34 % par rapport à 2016. Ces capitaux à foison pourraient être utilisés à des fins productives dans les pays en développement, qui accusent un déficit de financement annuel évalué à 8 000 milliards de dollars pour les infrastructures, la lutte contre le changement climatique, et les petites et moyennes entreprises.

Les décideurs en Afrique comprennent la contribution positive que peuvent apporter les marchés financiers. Au cours des deux dernières décennies, la plupart d’entre eux ont engagé d’importantes réformes visant à renforcer leurs marchés. Les marchés intérieurs de la dette souveraine, en particulier, ont connu une croissance rapide, aidant les pays à financer des projets de développement cruciaux et créant des possibilités d’emploi pour les classes moyennes en plein essor, tout en réduisant la dépendance des pays concernés vis-à-vis de l’aide au développement et d’autres formes de financements concessionnels.

Mais au-delà du marché de la dette publique, la situation n’est pas tout aussi reluisante. De nombreux marchés financiers africains restent paralysés par les faibles niveaux de liquidité, une diversité limitée de produits et le manque de cotations de titres en bourse. Les émissions de dette des entreprises se sont contractées ; elles ont été ramenées de 27 milliards de dollars en 2014 à 15 milliards de dollars, trahissant en grande partie un ralentissement en Afrique du Sud, pays qui concentre 90 % des émissions de dette des entreprises sur le continent.

Et ce n’est guère une bonne nouvelle. Si les marchés financiers africains stagnent, cela pourrait freiner le développement économique du continent.

Le meilleur moyen d’éviter d’y en arriver, c’est de créer des marchés financiers non souverains sains et solides, et cette solution devrait être une priorité pour les secteurs public et privé. Les investisseurs, les représentants gouvernementaux et les institutions de développement se réunissent cette semaine à Abidjan pour discuter des voies et moyens d’accélérer le développement des marchés financiers et de rapprocher les marchés internationaux de la région.

Le Programme conjoint pour le développement des marchés financiers (J-CAP) a été établi en 2017 par le Groupe de la Banque dans le but de mettre en œuvre le programme pour les marchés financiers dans les pays prioritaires, dont le Kenya, le Maroc et les membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo).

En à peine un an et demi, le J-CAP s’est associé à l’Autorité de régulation des marchés financiers de l’UEMOA (CREPMF) pour renforcer le cadre institutionnel des marchés financiers de la région. Cet effort de renforcement incluait l’amélioration des normes et l’introduction de nouveaux produits, tels que les lignes directrices concernant les obligations durables. En tant qu’institution du Groupe de la Banque mondiale dédiée au développement du secteur privé, la Société financière internationale œuvre à l’approfondissement des marchés privés des capitaux. Elle a réalisé de nouvelles opérations dans ce domaine, parmi lesquelles la toute première titrisation jamais émise par une banque commerciale de l’UEMOA.

C’est une avancée, certes, mais il reste encore beaucoup à faire pour établir des marchés financiers solides et de grande envergure. Une bien trop grande partie des dettes souveraines se caractérise par un défaut de transparence, le nombre de pays à faible revenu qui contractent des emprunts auprès de créanciers opérant en dehors des systèmes traditionnels tels que le Club de Paris ne cessant d’augmenter. Au sein de l’UEMOA, des réformes s’imposent pour optimiser le cadre fiscal afin de créer des conditions équitables pour tous les émetteurs et réduire les coûts de transaction inutiles. Du côté des émetteurs, la région doit diversifier davantage ses produits et attirer de nouveaux émetteurs, et améliorer les conditions dans lesquelles les États de l’UEMOA émettent leurs titres de créance sur les marchés intérieurs. Enfin, la région doit travailler en étroite collaboration avec le secteur de la gestion d’actifs et les investisseurs nationaux pour accroître encore plus leur participation sur les marchés financiers non souverains.

Le moment est venu de saisir l’opportunité pour renforcer les marchés financiers africains et de faire la différence tant attendue sur le continent.




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