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Politique

19 septembre 2002 / ALAIN LOBOGNON : "Au nom de tous mes amis des Forces nouvelles, je demande Pardon."

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19 septembre 2002 / ALAIN LOBOGNON : "Au nom de tous mes amis des Forces nouvelles, je demande Pardon."

A l’occasion de l’an 15 du 19 septembre 2002, j’ai la lourde tache de parler, non pas de ce qui s’est passé depuis 2002, mais de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire au regard de nos us et coutumes. 


C’est suspect de voir ceux-là parler de réconciliation. Disent certains. Ce n’est pas normal. Disent d’autres. Quels qu’ils soient, tous sont réconciliés quand il s’agit de critiquer l’engagement des ex Forces Nouvelles, hier belligérants, de porter le plaidoyer pour le Pardon et la Réconciliation en Côte d’Ivoire.

La réconciliation reste un vaste champ d’exploitation pour tous les Ivoiriens afin de redonner un vrai sens au vivre ensemble. Permettez-moi de n’aborder qu’une infime partie de ce champ et laissez aux autres le soin de le terminer. Que retenir de la réconciliation nationale?

L’on ne peut parler aujourd’hui de réconciliation en Côte d’Ivoire sans recourir aux instruments traditionnels à notre disposition ainsi qu’au dialogue, l’ultime arme des forts et non celle des faibles. C’est pourquoi, il nous faut aller à la réconciliation dont l’unique enjeu reste la paix. Parce que nos compatriotes souffrent des conséquences des longues crises que notre pays, la Côte d’Ivoire a connues depuis la proclamation de la République en 1959.

Selon certaines personnes, la Côte d’Ivoire n’a pas besoin de réconciliation au motif que les Ivoiriens sont déjà réconciliés. Disons simplement à ces compatriotes, que nous ne parlons pas de la même Côte d’Ivoire, vue comme un Nation une et indivisible.

Pourquoi sommes-nous là ce matin à parler de réconciliation, alors que rappelons-nous, en 2001, la Côte d’Ivoire a organisé un forum de réconciliation nationale qui était censé tourner les pages sombres des crises survenues entre 1959 et 2001 : Sanwi, du chat noir, du Guébié, du multipartisme, du boycott actif et du coup d’Etat militaire.

Pourquoi devons-nous parler de réconciliation quand la question a déjà fait l’objet de décisions institutionnelles avec la mise en place de la CDVR, du PNCS et de la CONARIV ?

Au-delà du Président du Parlement, qui demande pardon aux Ivoiriens pour ses torts, c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui doit assumer les fautes de ses citoyens et demander Pardon à toutes les victimes des crises survenues dans notre pays, depuis des décennies.

Qu’en est-il de la place des victimes dans tout cet arsenal que nous proposons ?

Retenons que les victimes ne sont pas d’une seule région de Côte d’Ivoire. Les victimes sont du Sud, du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Centre. Les victimes ont des noms. Elles s’appellent Boga Doudou, Guéi Robert, Dagrou Loula, Marcelin Yacé, pour les plus connus. Elles s’appellent Coulibaly, Tra-Bi, Traoré, Seydou, Séri, Kouamé, N’Guessan, Ouattara, Koné… Ces victimes sont nos sœurs et frères qui ont perdu la vie à cause de nos erreurs.

L’heure du Pardon sincère est arrivée. Nous avons fauté. Nous avons commis des fautes graves. Et au nom de tous mes amis des Forces nouvelles, je demande Pardon. Un pardon qui vient du cœur.

En l’absence d’une Loi fixant le cadre réglementaire de l’indemnisation, la Côte d’Ivoire ne doit pas distribuer deschèques bancaires ou des espèces sonnantes et trébuchantes à certaines victimes triées sur le volée pour leur appartenance à tel groupe pensée ou tel groupe religieux. Notre pays doit mettre en place une véritable politique de prise en charge des victimes, en commençant par leur reconnaître à toutes, le statut de victimes.

Cette politique doit permettre de réhabiliter les terroirs d’origine des victimes par d’importants investissements destinés à créer localement des richesses et des emplois afin de garantir la prise en charge durable et définitive des victimesen vie ou de leurs ayant-droits. Notons-le, au cours de ces années de crise, des lieux sacrés ont été désacralisés. Des objets sacrés ont été détruits. Aucun chèque de banque ne parviendra à les réhabiliter.

S’agissant de la prise en charge des enfants mineurs des victimes au moment de la survenue des drames, la Côte d’Ivoire a la lourde responsabilité d’en faire des pupilles de l’Etat. Cette dernière mesure vise à éviter de voir des enfants des victimes ivoiriennes abandonner le chemin de l’école faute de prises en charge, alors que les parents n’ont pas demandé à perdre la vie.

 
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