Le cas de Laurent Gbagbo face à une juridiction censée être exemplaire, sereine et apolitique, la Cour pénale internationale (CPI), est le plus problématique, rarement présumé innocent ayant paru aussi coupable. Incarcéré fin 2011 à la prison de Scheveningen, l’ancien président a dû attendre neuf cent vingt-cinq jours avant d’être mis en accusation et six mois de plus pour que s’ouvre enfin son procès, lequel dure depuis près d’un an et demi. Au rythme où défilent les témoins (80 restent à auditionner pour la seule accusation), un verdict n’est pas attendu avant… la mi-2020, au mieux. Gbagbo aura alors 75 ans, dont neuf passés derrière les barreaux.
Autre dysfonctionnement : le déroulé même du procès. L’essentiel du dossier de l’accusation étant nourri de rapports de l’ONU et d’ONG réalisés pendant et après la crise de 2010-2011, la chronique des audiences tourne parfois à la farce : récits incohérents, huis clos non respectés, multiples incidents de séances, témoins à charge mués en témoins à décharge, voire témoins « protégés » dont chacun connaît l’identité, etc.
Deux verdicts opposés
Tout aussi chaotiques dans leurs scénarios, les deux procès qui ont visé Simone Gbagbo à Abidjan ont débouché sur deux verdicts opposés : jugée coupable d’atteinte à la sûreté de l’État et condamnée pour cela à vingt ans de prison, l’ex-première dame vient d’être acquittée des chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Or, c’est pour les mêmes chefs reposant sur les mêmes faits constitutifs d’un « plan commun » visant à conserver le pouvoir à tout prix, que son époux et Charles Blé Goudé sont jugés par la CPI – laquelle réclame d’ailleurs toujours l’extradition de Mme Gbagbo. Sauf à déclarer inique le verdict d’un procès qui aurait eu pour but de soustraire cette dernière à la justice internationale, on ne voit donc pas comment la Cour de La Haye pourrait ne pas tenir compte de cet acquittement.
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