Noel Dourey aux politiciens : « Houphouët-Boigny est devenu la recette magique… »

Ex-militant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) et « fils » de Bédié, Noel Dourey qui a viré au Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) se demande si tous ceux qui se réclament du Père fondateur suivent sa ligne de conduite. Dans cette sortie, il rappelle les caractéristiques de l’houphouetisme à tous !

Nous nous souvenons que le sage de Yamoussoukro, Félix Houphouët-Boigny, avait l'habitude de dire : « ai-je bien fait ce que je devais faire pour mon pays ? ». Ce qui sous-entendait, le don de soi. À côté de cela, il disait : « On peut servir son pays à tous les postes ». Je prends ces deux phrases pour commencer parce qu'aujourd'hui, Houphouët-Boigny est devenu la recette magique, même quand nous n'y sommes pas attachés.

Nous nous souvenons qu'à l'hôtel Ivoire, lors de sa mémorable conférence de presse, il y a quelques décennies, il avait dit : « ni Mahomet, ni Jésus n'a écrit, mais ils sont les plus lus dans le monde. ». En le disant, il a pensé certainement à ce qui resterait quand il serait parti. Effectivement, ce qui est resté, c'est ce que nous, qui nous réclamons de lui, appelons « L'Houphouëtisme ». Le problème que je pose aujourd'hui, Houphouët a laissé un testament. Mais quelles sont les valeurs de ce testament ? Ce sont les valeurs de don de soi, la préservation de la paix, l'unité nationale, un social des plus hardis et la solidarité dans le malheur, mais jamais dans le mal. Le vivre ensemble. Voilà l'œuvre d'Houphouët-Boigny. Son combat a été toujours tourné vers le bonheur du peuple pour lequel, il s'est sacrifié depuis l'âge de cinq ans.

« Houphouët-Boigny a toujours prôné le dialogue qui est l'arme des forts »

Nous nous souvenons qu'il a été chef de canton à cet âge. Le sage a juré de ne jamais verser le sang d'un Ivoirien. Sous un arbre, le Vieux Sage, tournait son regard vers les femmes, les jeunes, les enfants et les plus vulnérables… Est-ce que ce que nous faisons renferme cet houphouëtisme ? Cette politique à visage humain ? Nous devons nous poser la question : Si je me dis houphouëtiste est-ce que je fais bien et très bien ce que le président Houphouët m'a légué ? À la vérité, c'est seule notre conscience, au-delà des slogans, qui doit toujours nous titiller et nous ramener sans cesse dans le droit fil de notre passion houphouëtiste.

L'héritage du vieux doit être préservé. Houphouët-Boigny a toujours prôné le dialogue qui est l'arme des forts. Si nous sommes véritablement houphouëtiste, dans notre intime conviction, cela doit nous inspirer. L'Houphouetisme était-ce une idéologie ? Une gouvernance, ? économie, ? un mode de vie ? un courant de pensée ? une philosophie, avec la justice ? Le pardon avec l'homme et non le contraire au centre ?

Pour moi, c'est tout cela. Et notre conscience doit nous interpeller. Et nous demander, si nous sommes vraiment des houphouëtistes ou non. Disciple de ce Houphouët qui s'est battu pour la liberté, la paix, et la justice. Malheureusement aujourd'hui, nous voyons des houphouëtistes opposés à ces valeurs.

« Ouattara Gnonzié, président du RPP, m’a dit que les militaires ont envahi son bureau… »

Sous Houphouët, j'ai vécu deux actes dont je peux parler. Il y a eu la rénovation, mouvement à l'intérieur du Pdci dont les réunions se tenaient à Fraternité Matin. Houphouët les a tous ramenés à lui. Pas en les excluant. Mais en parlant avec eux. Ensuite, comme me l'a dit M.Ouattara Gnonzié, mon frère et président du Rpp, les militaires ont envahi son bureau entre 05h et 06h du matin à la radio au Plateau. Il a appelé Houphouët, qui lui a dit de les conduire chez lui, immédiatement, sans délai. Ils en sont ressortis heureux, scandant même son nom partout à Cocody. Je dis cela parce que Houphouët, c'était le dialogue toujours et encore.

Dès la mort d’Houphouët, le Pdci a commencé à se fissurer en 1994, quelques semaines après son inhumation…Le bélier de Yakro n'aurait jamais laissé les Djéni Kobenan, Adjoumani, Kablan Duncan et autres, Achi, Ndoly, Amédée Kouakou et autres éminents cadres du Pdci, en sortir. Ce n'est pas ce que Houphouët aurait fait. Il serait engagé dans le dialogue sans tabous et sans exclusive.

La philosophie du vieux, c'est le dialogue, la paix, l'humilité. La justice et le pardon. Est-ce que notre conscience, notre juge, qui reflète notre identité, notre moi, cette   conscience-là pouvons-nous lui mentir, la trahir ? Reflète t'elle en tout temps et en tout lieu notre attachement à notre Père fondateur ? Pouvons-nous affirmer sans auto-proclamation que nous sommes des houphouetistes ? Si notre conscience est à la merci d'intérêts mesquins et égoïstes, c'est que nous n'existons plus ou pas dans l'houphouetisme.

« Le Père de la Nation nous dit que nous n'avons pas le droit de détruire ce que nous n'avons pas construit »

Houphouët-Boigny a bel et bien existé. Ceux qui le trahissent en ce moment, face à leur conscience, n'existent pas dans la pensée de l'houphouetisme. Houphouët-Boigny nous ramène toujours à cette élévation que nous devons avoir devant les difficultés pour faire taire notre orgueil, notre égo, nos vilains sentiments et aller à la recherche de l'autre. Le Père de la Nation nous dit que nous n'avons pas le droit de détruire ce que nous n'avons pas construit. Notamment l'unité nationale, le vivre ensemble. Il est notre boussole et si nous sommes houphouëtistes. Il n’y a rien qui devrait nous opposer. Son amour pour le pays, notre chère Côte d'Ivoire était toujours au-dessus de sa petite personne, aimait-il à répéter.

Si nous pouvons servir notre pays à tous les postes, posons-nous donc cette question. « Ai-je apporté ma contribution aussi infime soit-elle, à la construction et à la consolidation de la paix ? Alors, nous pourrons affirmer que nous sommes des houphouetistes. Si nous sommes dans la belligérance, l’insubordination, nous ne sommes plus dans le cœur du Père fondateur, car face à la trahison de la conscience, de notre intime conviction, nous n’existons plus… Nous nous renions et nous brûlons…comme un feu de paille.

Houphouët n’était certainement pas Dieu, mais il incarnait notre espérance. Nous avons le choix en toute conscience de construire notre pays dans la vision de digne héritier incarnée par le président du RHDP, SEM Alassane Ouattara, chef de l’Etat, qui rassemble tous les fils légitimes d’Houphouët, pour notre développement harmonieux dans la paix, valeur cardinale de l’houphouetisme ou alors de la détruire dans l’inconscience.