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Politique

Pas de preuves que les soldats ivoiriens arrêtés au Mali soient des mercenaires, selon le chef de la diplomatie du Nigeria

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Pas de preuves que les soldats ivoiriens arrêtés au Mali soient des mercenaires, selon le chef de la diplomatie du Nigeria
C’est confirmé. Il y aura ce jeudi un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Cédéao à l’occasion de la 77e Assemblée générale des Nations unies qui s’est ouverte ce lundi 19 septembre à New York. 

Et la question des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet sera à l’ordre du jour. Geoffrey Onyeama est le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier de RFI et de Marc Perelman de France 24.

RFI / France 24 : Cette Assemblée générale de l’ONU s’ouvre dans un climat tendu, assombrit, même, par la guerre en Ukraine, Le Nigeria avait voté en faveur d’une résolution au tout début du conflit qui condamnait l’agression russe. Mais on voit que l’agression russe, par un membre permanent du Conseil de sécurité, semble réellement mettre en danger la raison d’être de l’ONU. Est-ce que vous craignez vraiment pour l’avenir du système onusien ?

Geoffrey Onyeama Je ne crois pas que cette crise de l’Ukraine peut vraiment mettre en cause tout le système des Nations unies. Je crois qu’il y a d’autres raisons. Il y a par exemple, pour les pays africains, il y avait un besoin d’avoir des réformes des Nations unies, parce que les Nations unies est une organisation qui a été créée au lendemain de la deuxième guerre mondiale et qui n’est pas aussi inclusive. Parce que l’on sait que ce sont les gagnants de cette guerre qui ont constitué le Conseil de sécurité et la plupart des pays membres des Nations unies n’étaient pas là quand ça a été créé. Donc, il y a, au fond, cet aspect de cette organisation qui ne correspond plus à la réalité actuelle. Ce n’est pas uniquement la crise en Ukraine qui remet en cause la raison d’être cette organisation.

La Cédéao avait pris des sanctions lourdes contre le Mali, en janvier, en raison du refus de la junte de produire un chronogramme acceptable. Puis, en juillet, elle a levé ces sanctions et à peine quelques jours plus tard, le Mali arrête 49 soldats ivoiriens qu’ils accusent d’être des mercenaires, ce que la Côte d’Ivoire et les Nations unies nient. La Cédéao n’est-t-elle pas allée trop vite en levant ces sanctions contre le Mali, en raison de ce qui s’est passé ensuite ?

Non, ce sont deux choses différentes. Ils ont levé les sanctions parce que la Cédéao a vu les progrès que la junte faisait pour la reconstitution d’un gouvernement démocratique. Mais la question de ces soldats ivoiriens est une tout autre chose. Les deux ne sont pas forcément liés, mais la Cédéao a fortement demandé la libération de ces soldats. Et moi, je suis porteur, comme envoyé spécial, d’un message du président Buhari, suite à une demande de la Cédéao. J’ai été là-bas, au Mali, j’ai rencontré le président de la transition et nous avions fermement demandé la libération de ces 46 soldats sans préconditions.

À l’issue de l’audience que le colonel Assimi Goïta vous a accordé à Bamako, il a fait monter les enchères et il a demandé en contrepartie l’extradition de trois opposants maliens actuellement en Côte d’Ivoire. Cela a dû, évidement, vous surprendre. Pourquoi les discussions avec le numéro un malien sont-elles si difficiles ?

Difficiles, je ne sais pas. Mais certainement, nous n’estimons pas, non plus, que les deux situations sont liées. Qu’une demande pour l’extradition des opposants en Côte d’Ivoire doive être le prix pour la libération de 46 soldats, à notre avis. Maintenant, sur la table, il y a ce lien qui a été fait. Mais nous espérons vraiment que, comme nous avions demandé aux autorités maliennes, qu’il n’y a pas ce mélange des choses.

En Côte d'Ivoire, le président espérait une solution négociée. Il voit que cela traîne. Donc, il tape du poing sur la table. Il a demandé qu’un sommet extraordinaire de la Cédéao se tienne ici, à New-York, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, pour que la région solidaire réclame la libération de ces soldats. Ce sommet aura-t-il lieu et est-ce bien cela qui sera demandé ?

Oui, il faut voir. On ne sait pas encore ce qui sera à l’ordre du jour de ce sommet. Il y aura un sommet. Ce n’est pas le premier, souvent, la Cédéao profite du fait que tous les chefs d’État soient à New York, en même temps, pour les rassembler pour débattre des choses qui concernent la Cédéao. Mais sur cette question, il faut dire qu’il n’y a pas vraiment d’évidence que ces soldats étaient des mercenaires. Il était clair, plus ou moins, qu’ils venaient dans le cadre des forces de la Minusma. Mais il est vrai aussi, d’après les enquêtes, que, peut-être, il y avait des aspects techniques qui n’étaient pas vraiment ce qu’ils devaient être.

Donc, la junte n’a pas totalement tort quand elle dit qu’ils n’étaient pas là selon les règles à suivre ?

Apparemment, il semble, en effet, qu’il y avait certaines règles qui n’ont pas été suivies, d’après ce que certains, comme les Nations unies d’ailleurs, ont dit. Mais, les Nations unies n’ont jamais dit que c’était des mercenaires alors qu’il y avait des choses qui prouvaient que c’était des mercenaires. Mais, comme vous l’avez dit, il y a certaines règles, qui, peut-être, n’ont pas été suivies comme il fallait.

À ce sommet extraordinaire de la Cédéao, envisagez-vous de nouvelles sanctions si jamais ces 46 soldats ne sont pas libérés ?

Comme je l’ai dit, l’ordre du jour de ce sommet n’est pas encore sûr.

Et vous-même, en tant que ministre des Affaires étrangères du Nigeria, que préconiserez-vous ?

Comme je vous l’ai dit, j’étais envoyé spécial du président Buhari sur ces questions, parce que, pour nous, c’était quelque chose de très important. Et, déjà, notre sous-région subit plusieurs défis : les terroristes et les autres… Et, on ne veut pas, à tout prix, ajouter, maintenant, le conflit entre des pays de la sous-région. C’est vraiment un scénario que l’on ne peut pas accepter. C’est pourquoi le président Buhari a décidé d’envoyer ce message. Et donc, certainement, c’est quelque chose de très important pour nous tous, à la Cédéao, de ne pas laisser les choses aller plus loin. Donc, on va tout faire pour empêcher que cela devienne un vrai conflit entre deux pays membres de la Cédéao.

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