Réconciliation aux forceps : Et si Guillaume Soro demandait simplement pardon !

Depuis quelques mois, il est passé à l’offensive dans sa volonté de réunir tous les Ivoiriens. Guillaume Soro multiplie les actions dans ce sens. Des discours à l’Assemblée nationale, des méditations les vendredis et dimanches sur les réseaux sociaux, des missions sur le terrain en Côte d’Ivoire comme en France pour envoyer le même message. « Il faut pardonner, il faut se réconcilier, la Côte d’Ivoire en a besoin, il y a un temps pour toute chose, aujourd’hui est le temps de la réconciliation », dit Guillaume Soro dans ses différents messages.

Aussi, l’on note dans ses discours le fait que le président de l’Assemblée nationale est conscient du poids du manteau du réconciliateur qu’il veut porter. Lui qui jouit d’une mauvaise presse auprès des pro-Gbagbo, une renommée macabre au égard à la rébellion de 2002 alors qu’il était le ‘’filleul’’ de Laurent Gbagbo et surtout la crise post-électorale de 2010-2011 alors qu’il fut son Premier ministre. 

Le sachant, Guillaume Soro se dit néanmoins déterminé. Il force. A ses adversaires et détracteurs, les messages sont parfois crus. « Quand nous choisissons le chemin du Pardon et de la Réconciliation avec nos semblables, certains, l'esprit perché de condescendance, se moquent de nous (…) Certains fuient encore l'évidence du "vivre- ensemble " avec leurs Frères. Mais la Joie qui illumine les visages des réconciliés est contagieuse et irrésistible! », a-t-il dit dans sa méditation du dimanche 7 avril 2017.

Conscient de cette adversité et probablement le risque de ne pas atteindre l’objectif escompté, n’y-a-t-il pas une autre approche à envisager qui pourrait faciliter cette réconciliation ? Car le manque de bonne approche a conduit à l’impasse du processus de réconciliation et le statuquo,  plus six ans après la crise post-électorale.

Le pardon sincère est une force qui désarme et qui peut favoriser la réconciliation. Là-dessus, les deux clans Ouattara et Gbagbo affirment chacun que c’est l’un qui doit demander pardon, s’estimant chacun victime de l’autre. Guillaume Soro n’emploie pas la même démarche. Il appelle tous à pardonner.

En la matière, le président de l’Assemblée nationale qui montre un attachement ferme à la réconciliation, devrait se rappeler et faire sien une parole de l’Evangile dont il se sert ces derniers mois. « Si donc tu présentes ton offrande vers l'autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,  laisse ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande », déclare le Seigneur Jésus-Christ en Matthieu 5 :2-24.

La réconciliation étant un véritable sacerdoce tel que dit l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 5 : 20, cette  offrande que Soro veut offrir au peuple, pourrons-nous dire à Dieu, l’idéal serait de commencer lui-même par demander pardon pour sa part de responsabilité dans le drame ivoirien. Plutôt que d’asséner des vérités crues, d’avoir des rencontres ciblées aux allures de pré-campagne électorale, et si du haut de son perchoir de l’Assemblée nationale, le président des représentants du peuple s’humiliait, reconnaissant ses fautes, disant ses blessures sans les prendre pour prétexte, et demandait pardon, ne serait-ce mieux que tous ces discours ? Nous croyons que si, car le pardon efface une multitude de péchés.

En Côte d’Ivoire, le président Bédié a dit qu’un pont « valait à lui seul deux mandats ». Parfois, un seul acte porte  plus de fruits positifs que beaucoup d’actions. Un seul sacrifice suffit à sauver plusieurs. La preuve, des milliards de Fcfa à la CDVR, à la CONARIV, aux ex-combattants, aux victimes, et à la fin, on court encore derrière la réconciliation. Pourquoi ne pas s’engager dans cette voie ?