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Santé

Témoignage : « J'ai réussi à guérir du vaginisme »

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Sans tabous et avec courage, Annie, 44 ans, dévoile le chemin qu'elle a dû parcourir pour se libérer de ses douleurs intimes et reconquérir son corps.

Je veux commencer par dire aux femmes qu'elles vont s'en sortir. J'ai vécu cette impossibilité totale, insurmontable, d'avoir une pénétration vaginale. Et pas seulement sexuelle. Chaque fois que je tentais de mettre un tampon, même au format mini, cela se terminait par des larmes de douleur. Mon vagin était verrouillé, dur comme la pierre, comme dépourvu d'orifice. Les rapports sexuels tenaient du supplice. J'avais l'impression que des morceaux de verre cisaillaient l'entrée de mon vagin, que le sexe de mon copain me déchirait... Pendant des années, je me suis sentie anormale, persuadée d'avoir une malformation gynécologique, d'autant qu'au cinéma je voyais l'extase des scènes d'amour.

Une fois, à 22 ans, j'ai consulté, mais la gynécologue a nié ma douleur : « Vous vous écoutez beaucoup trop, jolie demoiselle, allongez-vous » Quand elle a enfoncé le spéculum, ça a été comme un viol, tant j'ai eu mal. Puis elle m'a asséné : « Tout est normal... » Et elle m'a prescrit du magnésium pour me calmer, en ajoutant : « N'y pensez plus. » Plus jamais je n'ai consulté.

J'IGNORAIS D'OÙ ME VENAIT CETTE DOULEUR

J'ai le sentiment d'avoir toujours eu ce problème, mais comme je suis venue tard à la sexualité, à 21 ans, je n'en ai pas souffert jusque-là. J'ignore d'où ça vient. Je n'ai pas vécu d'agression sexuelle. À la maison, on n'a jamais parlé de sexualité, ma mère était plutôt sévère et moralisatrice, d'un autre temps. Elle taxait de « Marie-couche-toi-là » ou de « catin » une cousine qui avait eu plusieurs petits amis. J'ai compris en thérapie qu'elle m'avait probablement transmis son malaise. J'avais renoncé à l'amour quand j'ai rencontré mon mari. Pendant huit mois, nous nous sommes fréquentés sans essayer d'aller plus loin. En fait, il était mal à l'aise avec tout ce qui est charnel et il perdait son érection au moment de la pénétration.

Nous étions faits l'un pour l'autre [rires]. D'un côté, cela a été une chance, car nous avons développé une sexualité à nous, faite de caresses. La malchance, c'est qu'on a cultivé l'évitement de nos peurs réciproques au lieu d'essayer de nous en sortir.

C'EST MON BÉBÉ QUI M'A SAUVÉE!

Attention, je ne dis pas que la pénétration est un impératif dans la sexualité. On peut s'en passer si c'est un choix. Mais nous, on refoulait nos problèmes. Et on a atteint des sommets : je suis tombée enceinte sans avoir de rapports, en faisant en sorte que le sperme soit sur la vulve, puis je gardais les jambes en l'air contre le mur. Après plusieurs essais, ça a marché. C'est très triste, mon enfant ne saura jamais comment il a été conçu. Il m'était impossible d'être suivie durant ma grossesse. Rien que la pensée des examens me tétanisait.

C'est mon bébé qui m'a sauvée du gouffre où j'étais tombée. C'est grâce à lui que j'ai fait le premier pas pour me soigner. Au quatrième mois, j'ai saigné. J'ai eu peur de le perdre. Une peur si grande qu'elle m'a donné la force d'affronter celle des examens. À l'hôpital, je tremblais en résumant mon « cas » mais là, contrairement à ce qui s'était passé avec la gynéco, on ne s'est pas moqué de moi, on ne m'a pas brusquée... L'interne et la sage-femme ont commencé par l'échographie externe sur le ventre. Je me suis sentie respectée.

IL M'A FALLU UN AN POUR ME LIBÉRER

Comme tout allait bien pour mon bébé, la sage-femme m'a proposé de suivre ma grossesse jusqu'au terme. J'ai accepté. Un pas de géant pour moi! Elle m'a aussi parlé d'une kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation du périnée et d'une psychiatre. J'ai dû prendre beaucoup sur moi. On ne guérit ni vite, ni facilement du vaginisme. On m'a aidé à découvrir mon anatomie intime, puis j'ai appris à ressentir mes muscles autour du vagin, dont j'ignorais l'existence. J'ai appris comment respirer pour les détendre ou les contracter. Et c'est seulement après plusieurs mois que j'ai commencé les exercices qui consistaient à insérer peu à peu un tube de 1 cm de diamètre, appelé dilatateur vaginal. Mois après mois, j'ai augmenté le diamètre jusqu'à 4 cm à peu près sans avoir peur ni mal. En parallèle, en psychothérapie, je parlais de ce que je ressentais.

Il m'a fallu un an pour me sentir bien dans mon corps et six mois de plus pour être capable d'imaginer un rapport sexuel sans me sentir oppressée. Mon mari n'ayant pas voulu consulter, ma guérison a sonné le glas de notre couple. Aujourd'hui, j'ai un nouveau compagnon et je suis bien dans notre intimité. Au début, le seul fait de ne plus être bloquée me suffisait, le plaisir était vraiment secondaire. Mais ce n'est plus le cas, je suis une femme épanouie.

 

 
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