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Côte d’Ivoire : La gratuité de l’accouchement ou le ticket de la mort en couche

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Côte d’Ivoire : La gratuité de l’accouchement ou le ticket de la mort en couche

Les femmes qui meurent en couche, on aurait voulu ne plus en avoir aujourd’hui dans les grands hôpitaux publics de Côte d’Ivoire, mais hélas ! Malgré l’avancée de la médecine moderne, des mesures du gouvernement, les précautions des parturientes, l’on arrive à dénombrer des décès de nombreuses en couche.

Entre autres causes de ces tristes fins pour les porteuses de vie, les complications inexplicables lors de l’accouchement (cas où les grossesses ont été bien suivies), mauvais suivi de la grossesse qui relève de la responsabilité des parturientes, le manque d’attention et de professionnalisme du personnel soignant, mais également l’abandon des femmes. Ce dernier cas est plus vécu dans le cadre de la gratuité de l’accouchement.

Lors du Conseil des Ministres du mercredi 15 février 2012, le gouvernement ivoirien a décidé de cette mesure. « Au titre du Ministère de la Santé et de la lutte contre le sida. Sur présentation du Ministre, le Président de la république a signé un décret portant exemption du paiement des prestations et des actes en rapport avec l’accouchement par voie basse et la césarienne dans les établissements sanitaires publics, pour les populations démunies et les non assujettis sociaux.  La prise de ce décret se justifie par le niveau élevé de la mortalité maternelle et l’injustice sociale que constitue le décès d’une femme au cours de la grossesse ou de l’accouchement. Le coût de cette mesure d’exemption de paiement est estimé à 17 milliards de FCFA pour l’année 2012 et à 87 milliards de FCFA pour les quatre (4) prochaines années », expliquait le gouvernement.

Malgré cela, des décès de femmes en couche sont observés. Un cas de décès a été dénoncé par le ministre Alain Lobognon, samedi dernier. Selon lui, une parturiente arrivée mardi au Chu de Cocody, sur recommandation du Chu de Treichville, n’a été reçue que trois jours après, grâce à l’intervention du ministre appelé à la rescousse par le mari de la femme enceinte. Hélas, après ces trois jours sans manger ni boire à la demande du personnel médical, la mère et l’enfant vont mourir quelques heures après l’accouchement.

Cette femme avait voulu bénéficier de la gratuité des soins offerte par le gouvernement. Mais, c’est sans compter avec le personnel soignant.« Si tu n’as pas l’argent, c’est comme cela que ça se passe », a expliqué  dame E., mère d’un enfant de deux ans. « Les sages-femmes te laissent te débrouiller jusqu’à ce que l’enfant se présente avant qu’elles ne viennent t’accoucher. Moi, comme je sais ce qui se passe, pour être à l’abri de toute aventure désagréable, j’ai mis 20.000 Fcfa dans mon carnet sachant que mon mari ni mes parents ne peuvent accéder à la salle d’accouchement. Grâce à ce geste, j’ai été vite traitée. La sage-femme m’a dit : ‘’mais tu es à deux doigts’’. Aussitôt, elle m’a fait une injection pour déclencher l’accouchement. Alors que je suis venue trouver des femmes qui étaient-là depuis plusieurs jours. Mais elles les laissent en travail, sans les assister parce qu’elles n’ont pas sorti de l’argent ».

Les dires de dame E. sont confirmés par madame D.S. « C’est ce que les femmes qui veulent les accouchements gratuits vivent dans les hôpitaux publics », dit cette mère de deux enfants dont le plus grand a presque 5 ans. Elle raconte que son deuxième accouchement a été rendu facile grâce à une amie qui travaille dans l’hôpital où elle a été suivie tout le long de la grossesse. Malgré ça, elle a dû exprimer en argent sa reconnaissance, avant de sortir de l’hôpital avec son bébé.

Ces exemples confortent les craintes des femmes interrogées par le journaliste bloggeur Suy Kahofi, après la signature du décret de la gratuité en 2012. « Il y a de quoi avoir une joie mesurée ! Dans un pays où la corruption est reine il est difficile que les praticiens acceptent de donner aussi facilement dans la gratuité là où ils avaient l’habitude d’empocher des sommes très importantes entre 350.000 et 600.000 pour la césarienne ! Il faut aussi souligner le fait que même avec l’argent la négligence a conduit à la mort de nombreuses femmes ou à des fistules pour les plus chanceuses ! », avait relevé Koffi Brigitte.

Avant, Botti Lou Madeleine avait exprimé sa joie mitigée.  « Je suis heureuse de cette décision du gouvernement mais je suis aussi inquiète. Vous savez la première opération de gratuité des soins nous a permis de voir jusqu’où certains médecins étaient capables d’aller pour faire payer les malades. Ils ont inventé toutes sortes de charges étranges pour nous faire payer et je me demande s’ils ne feront pas la même chose avec la gratuité pour les accouchements ? »

Hélas, ce qu’elles craignent est le sort qui est réservé aux femmes dans nos hôpitaux publics.

 
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