Frappes Pakistanaises en Afghanistan : Dix Morts, dont Neuf Enfants, Aggravant la Crise Frontalière
Les tensions entre le Pakistan et l'Afghanistan ont atteint un nouveau sommet après que les forces pakistanaises ont mené des frappes nocturnes dans des régions frontalières afghanes. Ces opérations, survenues dans la nuit de lundi à mardi, ont causé la mort d'au moins dix personnes, dont une majorité d'enfants.
Le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, a confirmé sur X (anciennement Twitter) le bilan tragique : « La nuit dernière, vers minuit, [...] dans la province de Khost, les forces pakistanaises ont bombardé la maison d'un civil [...] Neuf enfants (cinq garçons et quatre filles) et une femme ont été tués ». Il a également signalé des frappes ayant fait quatre blessés dans les régions de Kunar et Paktika.
Ces frappes interviennent juste après un attentat-suicide non revendiqué visant le quartier général des forces de sécurité pakistanaises dans une province frontalière. Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a réagi en promettant de « retrouver et punir » les auteurs, réaffirmant son engagement à « éradiquer le terrorisme ». La télévision d'État PTV a pour sa part pointé du doigt des « ressortissants afghans ».
Le Pakistan, qui fait face à une recrudescence d'attaques sur son sol, accuse régulièrement Kaboul d'« abriter » des groupes armés hostiles, en particulier les talibans pakistanais (TTP). Récemment, le 11 novembre, un attentat devant un tribunal d'Islamabad, revendiqué par le TTP (qui partage l'idéologie des Talibans afghans au pouvoir), avait fait 12 morts. Islamabad avait alors dénoncé une « cellule terroriste » dirigée et guidée par un « haut commandement basé en Afghanistan ».
Les relations bilatérales, déjà fluctuantes depuis le retour des Talibans à Kaboul en 2021, se sont gravement détériorées en raison de désaccords persistants sur la sécurité et la migration. Après une confrontation armée intense en octobre (faisant environ 70 morts), les deux voisins avaient entamé des négociations, débouchant sur une trêve.
Toutefois, cette trêve est restée fragile et non formalisée. Malgré la médiation de la Turquie et du Qatar, la concrétisation de l'accord a échoué, butant principalement sur les questions de sécurité.
De son côté, Kaboul dément abriter des terroristes et maintient que les attaques contre les forces de sécurité pakistanaises sont un problème interne à leur voisin, sur lequel le gouvernement afghan n'a pas de contrôle. Par ailleurs, Kaboul accuse également le Pakistan d'offrir refuge à des groupes armés qui lui sont hostiles.
En signe de la gravité de la crise, la longue frontière de 2600 km reste fermée depuis le 12 octobre, paralysant de fait les échanges commerciaux bilatéraux essentiels.
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