Sous le cri de ralliement « Assassins, mafieux, dehors » (« Assassini, maffiosi, fora »), des milliers de personnes ont défilé samedi après-midi à Ajaccio et Bastia.

Ces manifestations, d'une ampleur inhabituelle sur ce thème, témoignent d'une volonté farouche de la société corse de s'opposer aux bandes criminelles qui gangrènent l'île.

Une Coordination Anti-Mafia Inédite

Ces rassemblements sont l'œuvre d'une coordination anti-mafia sans précédent, regroupant une douzaine d'associations. Née en septembre, cette union regroupe des acteurs variés tels que :

1. Les collectifs « A Maffia no, a Vita ié » (Non à la mafia, oui à la vie).
2. L'association Maxime-Susini, nommée d'après un militant nationaliste assassiné en septembre 2019.
3. Le syndicat agricole Via Campagnola (Confédération paysanne), particulièrement préoccupé par les appétits criminels sur le foncier agricole.
4. Des associations de défense de l'environnement, comme U Levante et Le Garde.

Le Coût du Silence et le Péril

Les banderoles brandies par la jeunesse corse affichaient un message sans équivoque : « A maffia tomba, U silenziu dino » (La mafia tue, le silence aussi).

1. Témoignages : Des manifestants, comme Lara Marcellini, 27 ans, sont venus « montrer qu’en tant que citoyen on est motivé à lutter », soulignant que si elle n'est pas personnellement touchée, ses proches ont subi des « répercussions catastrophiques » du fait de la mafia.
2. Avertissement des Organisateurs : Dans leur communiqué, les organisateurs avaient lancé un appel clair, invitant uniquement ceux qui croient à l'existence de la mafia et à l'utilité du combat.
3. Prise de Risque : Jean-Dominique Musso, président régional de Via Campagnola, a reconnu le danger de leur démarche : « On se met en danger. On est conscient du fait qu’on prend des risques. Mais on va le faire quand même. On n’abandonnera pas. »

Cette mobilisation est d'autant plus poignante qu'elle fait écho aux précédents tragiques. La première manifestation anti-mafia de mars avait réuni entre 1 500 et 3 000 personnes, mais neuf jours plus tard, Pierre Alessandri, secrétaire général de Via Campagnola qui y avait participé, était assassiné.

Soutien Institutionnel

Le mouvement citoyen a reçu le soutien du procureur de Bastia, Jean-Philippe Navarre, qui a estimé que cette initiative « témoigne d’une volonté très forte de la société corse de se lever contre des pratiques criminelles qui étouffent son économie ».