Yémen : Amnesty réclame une enquête pour crime de guerre sur une frappe américaine visant des Éthiopiens détenus
Amnesty International demande l'ouverture d'une enquête pour crime de guerre potentiel concernant une frappe aérienne américaine au Yémen qui a causé la mort de plus de 60 migrants africains, principalement éthiopiens, détenus dans une prison gérée par les rebelles houthis.
Cette requête de l'ONG de défense des droits humains relance l'examen de l'attaque survenue le 28 avril dans la province de Saada. Kristine Beckerle, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International, a déclaré que la frappe contre le centre de détention pour migrants était une "attaque aveugle" et devait faire l'objet d'une enquête pour crime de guerre.
L'enquête d'Amnesty a également mis en lumière le comportement des Houthis. Après une frappe aérienne à proximité, quelques minutes avant l'impact sur le centre de détention, les migrants détenus se sont approchés du portail pour implorer les gardes de les laisser sortir. Cependant, "au lieu de les laisser sortir, les gardes houthis ont tiré des coups de semonce en l'air, puis, presque immédiatement après, les frappes aériennes américaines ont touché le centre de détention", a précisé Kristine Beckerle. L'ONG a également noté que les Houthis soumettaient ces personnes à des conditions de détention abusives.
Cette attaque s'inscrit dans le cadre d'une intense campagne de frappes aériennes menées par le président américain Donald Trump contre les rebelles qui perturbent le transport maritime dans le corridor de la mer Rouge, en lien avec la guerre entre Israël et le Hamas.
Kristine Beckerle a souligné la détresse des victimes : "Vous parlez de personnes qui ont quitté l'Éthiopie et se sont rendues au Yémen parce qu'elles essayaient de rejoindre le Golfe, souvent pour envoyer de l'argent à leur famille. Et maintenant, beaucoup d'entre elles doivent demander à leur famille de leur envoyer de l'argent au Yémen pour faire face aux conséquences de leurs blessures."
Le commandement central de l'armée américaine n'a pour l'heure fourni aucune explication sur la frappe visant cette prison. Le site avait déjà été bombardé par la coalition menée par l'Arabie saoudite luttant également contre les Houthis, et était notoirement utilisé pour détenir des migrants africains en transit vers l'Arabie saoudite à travers la zone de guerre.
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