Algérie : Mohamed Tadjadit, « le poète du Hirak », condamné à cinq ans de prison
Le militant algérien, incarcéré à plusieurs reprises depuis 2019 pour son engagement pacifique, a été lourdement sanctionné pour « apologie du terrorisme » dans un nouveau procès.
Mohamed Tadjadit, surnommé « le poète du Hirak » pour ses vers déclamés et partagés sur les réseaux sociaux durant le mouvement de protestation algérien de 2019, a été condamné mardi 11 novembre à cinq ans de prison ferme.
La trentenaire a été reconnu coupable, entre autres, de « soutien à des organisations terroristes » et de « propagation d’idées extrémistes », a annoncé son avocat, M. Fetta Sadat. Cette sentence fait suite à la réquisition du ministère public qui avait demandé une peine de dix ans d’emprisonnement.
Le « poète du Hirak » est une figure connue de la contestation pacifique. Le mouvement du Hirak, qui a débuté en février 2019 et forcé le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner, a été progressivement étouffé à partir de mars 2020 par l'interdiction des rassemblements (justifiée par la crise du Covid-19) et l'incarcération de ses meneurs.
Les ONG de défense des droits humains soulignent que Mohamed Tadjadit a été emprisonné au moins six fois entre 2019 et 2025 en lien avec son militantisme. Sa dernière libération datait de novembre 2024, suite à une grâce présidentielle, mais il avait été arrêté à nouveau en janvier et condamné dans une autre affaire (peine réduite depuis à un an en appel).
Cette nouvelle condamnation a soulevé l'indignation de la communauté internationale. Dans une déclaration conjointe publiée la veille du procès (10 novembre), une coalition d'une vingtaine d’organisations non gouvernementales, dont Amnesty International et PEN America, ont jugé les accusations portées contre lui comme étant « sans fondement » et ont exigé sa libération immédiate.
Elles estiment que la « persécution » de Mohamed Tadjadit est fondée uniquement sur « sa poésie et son militantisme pacifique », qualifiant son maintien en détention de « violation de ses droits fondamentaux ». Pour les ONG, ce procès envoie un « signal alarmant à tous ceux qui élèvent la voix pour défendre les droits humains en Algérie ».
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