Au Burkina Faso, trois magistrats et deux journalistes « enlevés » ou « portés disparus »
Le directeur des rédactions de L’Observateur Paalga et le rédacteur en chef adjoint du quotidien privé Le Pays ont été enlevés par des hommes appartenant probablement à l’Agence nationale du renseignement. Pour l’heure, personne ne sait où ils ont été emmenés.
« Alors qu’il s’apprêtait à diriger la conférence de rédaction quotidienne ce 13 octobre, le directeur des rédactions de L’Observateur Paalga, Ousséni Ilboudo, a été interpellé par des individus se présentant comme des éléments de l’Agence nationale du renseignement (ANR) », a alerté le quotidien privé sur sa page Facebook. « Sur le champ, il a obtempéré à cette injonction et a été immédiatement embarqué à bord d’une fourgonnette vers une destination qui nous est inconnue », a précisé le doyen des quotidiens burkinabè.
« Jusqu’au moment où nous publions la présente dépêche, nous étions toujours sans nouvelle de notre directeur des rédactions », a déploré le journal.
Plus tôt, un autre journaliste, Michel Nana, rédacteur en chef adjoint du quotidien privé Le Pays, « a été enlevé aux environs de 9 heures par des hommes en civil, probablement de l’ANR », a indiqué à l’AFP un de ses proches, assurant que des « recherches sont en cours pour savoir où il a été conduit et ce qu’on lui reproche ».
Reporters sans frontières (RSF) « condamne fermement ces interpellations et exige la libération immédiate de Michel Wendpouiré Nana, d’Ousséni Ilboudo ainsi que de tous les journalistes enlevés, dont Serge Oulon », lui interpellé à son domicile en juin 2024, a affirmé le directeur pour l’Afrique subsaharienne de l’ONG, Sadibou Marong, dans une réaction transmise à l’AFP.
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« Plus rien ne semble désormais freiner les autorités militaires, qui poursuivent leur entreprise de démantèlement de la liberté de la presse », a-t-il dit.
En outre, deux magistrats de la cour d’appel de Ouagadougou « ont été enlevés » et un autre est « porté disparu », selon une source judiciaire à l’AFP. « Urbain Méda et Benoît Zoungrana ont été enlevés respectivement [le 10 et le 12 octobre], alors que Seydou Sanou est lui porté disparu depuis samedi », a précisé cette source.
Par ailleurs, des dizaines d’officiers, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, ont été arrêtés depuis plus d’un an, accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines ».
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Au Burkina Faso, le régime militaire issu d’un coup d’État perpétré en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré est régulièrement accusé de réprimer des personnalités considérées comme hostiles au pouvoir. Certaines sont mobilisées de force pour combattre les jihadistes qui minent le pays.
Ces derniers mois, le pouvoir a libéré une dizaine de personnes enlevées ou arrêtées puis mobilisées de force, notamment des journalistes, des leaders de la société civile ou des proches d’hommes politiques.
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