Cameroun: la société civile cherche à dresser le bilan des violences post-électorales
Au Cameroun, combien de blessés, combien de morts et combien d'arrestations depuis la proclamation des résultats officiels le 27 octobre et les manifestations qui l'ont entourée ? À ce jour, les autorités n'ont communiqué aucun chiffre au niveau national. Différentes organisations de la société civile tentent de faire remonter des informations du terrain pour avoir une vue d'ensemble, mais elles manquent de moyens et rencontrent des obstacles pour le faire.
Maître Thierry Njifen, avocat au barreau du Cameroun et au barreau de Nantes en France, coordonne 149 avocats dans sept des dix régions du Cameroun. Leur objectif : assister gratuitement les personnes interpellées ces derniers jours. À l'échelle du pays, il comptabilise 2 000 arrestations et déplore la difficulté d'accès aux détenus. « Quoiqu'on reproche à un individu, cette personne a droit à une défense. Il y a ce côté de punition collective qui est inacceptable. Il faut effectivement rechercher les personnes soupçonnées d'avoir commis X ou Y infraction et leur garantir leurs droits à la défense parce que nous sommes dans un État qui se veut être un État de droit. À ce titre-là, on n'accepte pas que des gens qui sont présumés innocents soient traités de façon inhumaine ou dégradante », explique-t-il.
Le collectif dit avoir recensé aussi 39 civils tués, sans accès aux données officielles. Cette opacité est dénoncée par Philippe Nanga, coordinateur de l'ONG Un Monde Avenir, basée à Douala, la capitale économique. « Nous, on reçoit des familles qui sont à la recherche de leurs membres sans savoir s'ils sont blessés, détenus ou tués. Quand nous allons par exemple au niveau local vers les hôpitaux, on nous a répondu qu'on ne pouvait pas mettre ces informations à notre disposition. Cela suppose donc que ce sont les autorités qui devraient mettre cette information à la disposition du public pour qu'il n'y ait pas de spéculation comme c'est le cas en ce moment où les chiffres vont du simple au double en fonction de qui porte l'information », déclare Philippe Nanga.
Plusieurs acteurs de la société civile s'inquiètent de la présence de nombreux mineurs parmi les personnes arrêtées ainsi que du déferrement de civils devant la justice militaire.
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