Alors que le Conseil constitutionnel a proclamé Paul Biya vainqueur de l'élection présidentielle, une joie bruyante s'est emparée des rangs du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), contrastant fortement avec la vague de manifestations et de violences qui secoue plusieurs villes du pays.

Dès la validation de la réélection du Président Paul Biya, les militants et sympathisants du RDPC ont laissé éclater leur joie. Des acclamations ont fusé de la salle d'audience du Conseil constitutionnel jusqu'aux quartiers et villages, marquant la satisfaction du parti au pouvoir.

Réuni au siège du Comité central à Yaoundé, le RDPC a officiellement célébré la victoire sous la présidence de son secrétaire général, Jean Nkuete. Le ministre Grégoire Owona, secrétaire général adjoint, a exprimé aux médias la satisfaction du parti d'avoir obtenu le mandat attendu. Des scènes de liesse ont été rapportées dans divers lieux, notamment à Meyomesala (Yaoundé) et Foumban.

Peu après la proclamation des résultats, le président Paul Biya s'est exprimé sur les réseaux sociaux. Il a tenu à adresser ses premières pensées aux victimes des violences post-électorales, affirmant vouloir s'engager avec le peuple pour bâtir "un Cameroun de paix, d’unité, et de prospérité".

Manifestations, décès et destructions

Pendant ce temps, la colère éclate dans la rue. Le candidat Issa Tchiroma Bakary, qui s'était autoproclamé vainqueur et avait appelé à des manifestations pacifiques pour revendiquer sa victoire, est au centre des mobilisations.

Les violences ont fait plusieurs victimes. À Garoua, près de la résidence de M. Tchiroma Bakary, au moins trois décès par balles sont signalés. Dans la même ville, la résidence du maire et un établissement scolaire privé d'une élite locale auraient été incendiés. À Guider, le palais de justice a également été la cible des flammes.

La métropole économique, Douala, est particulièrement touchée. Les jeunes y manifestent en érigeant des barricades et en brûlant des pneus pour exiger le départ du Chef de l'État réélu. Le domicile du maire de Douala 2e et une station-service ont été incendiés. Les affrontements ont causé la mort d'au moins deux personnes supplémentaires en journée, portant à au moins six le nombre de morts signalés à Douala la veille par le gouverneur, qui avait également fait état de 105 interpellations.

Des pillages de commerces (bouteilles de gaz, cartons de poisson, alvéoles d’œufs) accompagnent malheureusement ces manifestations dans plusieurs localités.

Dans la région de l'Est, à Bertoua, un véhicule de police a été incendié par les manifestants. Les tensions sont également montées à Bafang, dans l'Ouest, où la mort d'un jeune homme aurait conduit à l'incendie de la maison locale du parti RDPC.

Alors que les institutions ont validé les résultats officiels, le pays fait face à un défi majeur : ramener le calme et la paix après un scrutin dont les résultats ont exacerbé les divisions.