Le Nord du Ghana en Alerte : Mobilisation face à l'Infiltration Djihadiste
Alors que la rébellion djihadiste s'intensifie dans la région du Sahel et que la situation sécuritaire au Burkina Faso ne cesse de se dégrader depuis le coup d'État militaire de 2022, les nations côtières du sud, comme le Ghana, luttent activement pour contenir le débordement des groupes terroristes.
Dans le nord du Ghana, bien que les groupes terroristes opèrent de manière discrète, leur présence a été confirmée, notamment dans les circuits commerciaux, et le recrutement de combattants ghanéens est une réalité. Face à cette menace, le gouvernement et les organisations de la société civile se mobilisent pour sensibiliser les communautés et organiser une résistance collective.
Dans la région du Haut-Ghana oriental, au village frontalier de Widnaba, la vigilance est de mise. Gifty Awuah, une habitante, se remémore la visite d'un groupe suspect il y a quelques années :
"On a vu des hommes blancs venir. Ils nous disaient qu'ils étaient musulmans et qu'ils voulaient construire des puits. On l'a pris à la légère parce qu'on pensait qu'ils voulaient aider. De la manière dont ils parlaient, c'est comme s'ils voulaient une certaine dévotion et ils parlaient beaucoup de leur religion aussi."
Début 2025, Gifty et d'autres femmes volontaires du village ont bénéficié d'une formation dispensée par l'association locale Codac. Cette formation vise à les équiper pour détecter de tels comportements suspects, interroger les individus et alerter les autorités. Gifty a compris que :
"c'est plus tard que nous avons réalisé que ces gens peuvent aussi venir, non dans le but de nous aider mais pour nous influencer à faire ce qu'ils veulent."
Le village de Widnaba est séparé du Burkina Faso voisin par quelques collines, et une route directe sans poste-frontière relie les deux pays. Cette proximité expose Widnaba à la pression de la révolte djihadiste : les habitants entendent le son des explosions et assistent à l'afflux de centaines de réfugiés Burkinabè après chaque attaque. Le chef du village lui-même a été menacé directement par téléphone depuis le Burkina Faso, en lien avec la gestion de la mosquée locale et la foi des jeunes.
Issaku Bukari, directeur de l'association Codac, souligne la méthode d'approche habituelle des recruteurs :
"Si vous regardez les signes et ce qu'ils font pour convaincre les gens, c'est soit à travers la religion, soit à travers d'autres philosophies politiques, des activités économiques ou sociales."
Grâce au soutien de l'ambassade britannique, Codac a formé 200 volontaires dans trois circonscriptions frontalières. Cette initiative a permis de renforcer la vigilance des habitants, et les patrouilles militaires ont été intensifiées par le gouvernement.
Cependant, les preuves d'infiltration et de recrutement persistent. Aaron Kulariba, un autre informateur de Codac, témoigne de la persistance des tentatives de recrutement :
"La dernière fois j'ai entendu que des jeunes se déplaçaient d'ici vers le Burkina Faso pour rejoindre les terroristes. Je n'ai pas entendu ça que d'une seule communauté, même à Kultamise, même dans la communauté de Nware où je suis maintenant, on m'a dit que les gens essayaient de traverser. Nous sommes vraiment les dernières communautés avant le Burkina Faso."
Bien que l'idéologie religieuse locale ne tende pas vers l'extrémisme, le facteur monétaire est considéré comme un argument convaincant pour certains jeunes hommes tentés de rejoindre les groupes terroristes.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion