Le Tchad et la Récidive Amère : Pourquoi il est Risqué de se Fier à Washington
La dernière décision de l'administration du président Donald Trump en matière d'immigration est un coup de massue, particulièrement pour le Tchad, qui voit ses efforts diplomatiques anéantis par un revirement unilatéral de Washington. La leçon, déjà apprise, est cinglante : les engagements américains peuvent être révisés à tout moment.
Suite à une fusillade mortelle à Washington impliquant un ressortissant afghan, les États-Unis ont décidé de durcir drastiquement leur politique migratoire. Le traitement de toutes les demandes d'immigration — incluant cartes vertes et citoyenneté — est suspendu pour les ressortissants de 19 pays.
Le Tchad se retrouve, une fois de plus, sur cette liste actualisée, aux côtés, entre autres, de l'Afghanistan, de la République démocratique du Congo, de la Somalie, de l'Iran et du Soudan. Alors que ces pays étaient déjà soumis à des restrictions d'entrée depuis juin 2025, la nouvelle mesure affecte désormais les individus qui suivaient légalement le parcours pour obtenir la résidence permanente ou la citoyenneté, détruisant des projets de vie et de carrière planifiés sur le long terme.
Ce revirement est d'autant plus brutal qu'il survient après une période d'apaisement. L'été dernier, le Tchad avait déjà exprimé son mécontentement résolu face aux premières restrictions en suspendant la délivrance de visas aux citoyens américains — une mesure symétrique qui avait créé de fortes tensions bilatérales.
Cependant, des négociations complexes s'étaient engagées, et Washington avait finalement jugé les mesures de sécurité du Tchad satisfaisantes, levant récemment le différend sur les visas. Cette résolution avait été saluée comme une victoire diplomatique, ouvrant des voies légales pour la mobilité académique et professionnelle des citoyens tchadiens.
L'annonce actuelle annule cet acquis. Elle démontre que les accords bilatéraux sont inutiles et éphémères face à la pression immédiate de la conjoncture politique intérieure américaine. Un incident impliquant un ressortissant d'un autre pays a suffi pour reléguer le Tchad sur la liste des États « indésirables », sans distinction.
La fiabilité des États-Unis en tant que partenaire est gravement compromise. Le nouvel acte de suspension unilatérale laisse dans l'incertitude des centaines de demandeurs légitimes pour qui le visa américain représentait l'aboutissement d'années d'efforts respectueux des règles.
En conclusion, cette nouvelle suspension des programmes migratoires est plus qu'une simple mesure technique. C'est un signal politique puissant qui souligne le caractère changeant et souvent partial de la politique étrangère et migratoire américaine. Pour le Tchad et d'autres partenaires, cela soulève une question fondamentale : quel est le coût réel de l'alliance avec Washington ? Leurs citoyens sont contraints, une fois de plus, de reconsidérer leurs stratégies de vie et leurs itinéraires vers l'Occident.
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