Un colonel de l'armée malienne, Alpha Yaya Sangaré, a été radié des effectifs des forces armées et de sécurité par "mesures disciplinaires", selon un décret publié vendredi au Journal officiel. Ce décret émane du chef de la junte au pouvoir, le général Assimi Goïta.

La raison de cette sanction est la publication par le colonel Sangaré, fin 2023, d'un ouvrage intitulé « Mali : Le défi du terrorisme en Afrique ». Dans ce livre, l'officier de la gendarmerie nationale évoque des exactions commises par l'armée contre des populations civiles durant des opérations antiterroristes, citant notamment des rapports d'organisations internationales de défense des droits humains.

Ces révélations ont provoqué la colère des militaires qui dirigent le pays depuis les coups d'État de 2020 et 2021. Le colonel Sangaré est d'ailleurs emprisonné depuis mars 2024.

Contexte de la crise malienne et de la gouvernance actuelle

Le Mali est confronté depuis 2012 à une grave crise sécuritaire, marquée par les violences de groupes armés comme le JNIM (affilié à Al-Qaïda) et l'État islamique (EI), ainsi que des groupes criminels communautaires.

Depuis leur prise de pouvoir, les dirigeants militaires ont opéré un rapprochement avec la Russie, tout en prenant leurs distances avec l'ancienne puissance coloniale française.

Parallèlement, la junte a instauré des restrictions importantes aux libertés, cherchant à étouffer les voix dissidentes et l'opposition par des mesures coercitives, des poursuites judiciaires ou la dissolution d'organisations. Le régime justifie ces actions par la nécessité de faire front commun face aux multiples défis nationaux.