Mali: l'objectif des jihadistes est "la chute de la junte et l'installation d'un califat", selon le chef des renseignements français
L'objectif des jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM, affilié à Al-Qaïda), qui asphyxient l'économie malienne avec un blocus sur les carburants, est "la chute de la junte" afin d'installer "un califat", a estimé lundi le chef des services de renseignements extérieurs français.
"Les renseignements que nous avons montrent que le JNIM (affilié à Al-Qaïda) n'est pas nécessairement ni en capacité, ni n'a la volonté (...) de contrôler le pays, de contrôler le Mali, conscient aussi de ses limites. En revanche, tout laisse à penser que le JNIM souhaite la chute de la junte et souhaite l'installation d'un pouvoir qui soit en effet favorable à l'installation d'un califat sur tout ou partie du territoire malien", a affirmé le patron de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) française, Nicolas Lerner, sur la radio France Inter.
Depuis plusieurs semaines, les jihadistes du JNIM asphyxient plusieurs régions maliennes, imposant jusqu'à Bamako un blocus des importations de carburant en attaquant les convois, étranglant l'économie du pays sahélien enclavé et affaiblissant la junte au pouvoir.
Depuis la fin de la présence militaire française dans le pays en 2022, le Mali a mis en place "un modèle de sécurité alternatif, notamment assuré par les Russes, qui est aujourd'hui très largement en échec", a observé M. Lerner.
La France a recommandé vendredi à ses ressortissants de quitter temporairement le Mali "dès que possible", soulignant la dégradation du contexte sécuritaire. La semaine précédente, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient annoncé l'évacuation de leur personnel "non essentiel" et de leurs familles.
Plus globalement, compte tenu de la situation au Sahel, en Afrique centrale et dans la Corne de l'Afrique, le continent africain est "devenu l'épicentre du djihadisme" au niveau mondial, tant au niveau du nombre d'attentats que de victimes, a rappelé le directeur de la DGSE.
"Un nombre très important de cadres des organisations terroristes qui avant provenaient de pays arabes sont aujourd'hui des cadres africains", a-t-il souligné.
"L'Afrique est aujourd'hui l'épicentre du terrorisme et menace directement nos intérêts", a-t-il insisté.
"Laisser s'installer des groupes terroristes, laisser se constituer des sanctuaires a toujours donné dans l'histoire récente de nos pays ensuite des projets d'attentats projetés. Donc nous devons forcément être très attentifs", a-t-il expliqué, alors que la France commémore cette semaine le dixième anniversaire des sanglants attentats du 13 novembre 2015 en région parisienne (130 morts, des centaines de blessés).
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