Malnutrition au nord du Nigeria : une crise silencieuse qui tue des milliers d’enfants
La malnutrition infantile explose dans le nord du Nigeria, où insécurité, pauvreté et manque de financements plongent des millions d’enfants dans la faim. Enquête sur une crise humanitaire que le monde oublie.
Dans le nord du Nigeria, un drame silencieux se joue. D’après Médecins Sans Frontières (MSF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM), plus de 5,4 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, dont 1,8 million dans une forme sévère.
Dans l’État de Katsina, les structures de MSF ont constaté une hausse de 208 % des cas de malnutrition avec œdème – la forme la plus grave – entre janvier et juin 2025.
« Chaque semaine, nous recevons des enfants trop affaiblis pour être sauvés », déplore un responsable médical de l’organisation.
Depuis janvier, 652 enfants sont morts dans les centres de traitement MSF de Katsina.
Les États du nord – Katsina, Sokoto, Zamfara, Kebbi, Borno – cumulent les fragilités : insécurité chronique, pauvreté extrême et infrastructures de santé déficientes.
Les violences armées empêchent les agriculteurs de cultiver leurs terres, provoquant une chute dramatique de la production alimentaire.
Face à la flambée des prix, de nombreuses familles survivent avec un seul repas par jour.
« Les mères n’ont plus de lait. Les enfants dépérissent sous nos yeux », confie une infirmière citée par The Guardian Nigeria.
Les financements humanitaires, eux, se réduisent. Les ONG doivent faire des choix impossibles : qui nourrir en priorité ?
Dans certaines zones rurales, le taux de malnutrition aiguë globale (GAM) dépasse 30 %, seuil critique selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La situation empire chaque année lors de la « période de soudure », quand les réserves alimentaires s’épuisent et que les prix flambent.
Selon Vanguard Nigeria, le nombre de cas traités dans les cliniques MSF a bondi de plus de 50 % par rapport à 2024.
« Sans soutien immédiat, nous risquons une catastrophe humanitaire de grande ampleur », alerte MSF.
La malnutrition ne tue pas seulement : elle détruit lentement.
Les enfants qui survivent restent fragilisés :
-retards de croissance,
-déficits cognitifs,
-vulnérabilité accrue aux maladies infectieuses,
-baisse de réussite scolaire.
L’UNICEF rappelle qu’un enfant souffrant de malnutrition aiguë sévère a neuf fois plus de risques de mourir d’une maladie évitable.
Face à l’ampleur de la crise, MSF, l’UNICEF et plusieurs ONG appellent à une action urgente.
L’aide alimentaire doit être renforcée, les centres de nutrition soutenus, et des programmes de prévention durables doivent être mis en place.
Mais la véritable réponse passe aussi par la stabilité et la relance agricole : sans sécurité dans les campagnes, la faim continuera de gagner du terrain.
Le nord du Nigeria vit aujourd’hui l’une des pires crises nutritionnelles du continent africain.
Chaque enfant perdu est le symbole d’un échec collectif : celui d’un monde qui tolère la faim évitable.
La malnutrition n’est pas une fatalité — c’est une urgence politique, sociale et humaine.
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