Ce jeudi 25 décembre marque un tournant démocratique majeur pour la Somalie. Pour la première fois depuis 1969, les citoyens du Grand Mogadiscio (région de Banadir) se rendent aux urnes pour élire leurs représentants locaux au suffrage universel direct.

Les chiffres clés du scrutin

1. Sièges à pourvoir : 390 conseillers locaux.
2. Candidats en lice : 1 600.
3. Électeurs attendus : Environ 400 000 personnes.
4. Sécurité : Plus de 10 000 agents déployés pour contrer la menace des islamistes radicaux shebabs.

Un saut vers le principe « une personne, une voix »

Depuis la chute du dictateur Siad Barre, la Somalie fonctionnait sur un système complexe de vote indirect basé sur les chefs de clans. Le président actuel, Hassan Sheikh Mohamud, a fait du passage au suffrage direct le pilier de sa mandature.

Bien que le Puntland (en 2023) et la région séparatiste du Somaliland pratiquent déjà ce mode de scrutin, c'est une première pour la Somalie fédérale. Ce vote local fait office de test de viabilité avant les élections législatives et présidentielle prévues en 2026.

Un climat de tension et de boycott

Malgré la portée historique de l'événement, le consensus est loin d'être atteint :

1. Boycott de l'opposition : Les adversaires du président dénoncent un passage en force unilatéral et craignent que cette réforme ne serve de prétexte à une extension du mandat présidentiel.
2. Logistique sous haute surveillance : En raison de l'instabilité chronique, la circulation est drastiquement restreinte dans la capitale. Des bus sécurisés assurent le transport des électeurs vers les bureaux de vote.
3. Reports successifs : Initialement prévue en 2024, l'élection a été repoussée à trois reprises avant de pouvoir se tenir ce jour.

L'enjeu : Réussir cette transition démocratique permettrait à la Somalie de s'affranchir du système clanique, mais la fragilité sécuritaire et la fracture politique avec l'opposition restent des obstacles majeurs pour la suite du processus fédéral.