En pleine tenue du sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Bamako, l’imam Mahmoud Dicko est sorti de son silence. Dans une vidéo diffusée lundi soir sur les réseaux sociaux, il a confirmé son engagement au sein de la Coalition des forces pour la République (CFR). Il a surtout appelé les Maliens à « se lever pour la paix ».

Cet appel intervient alors que les dirigeants de l’AES étaient réunis dans la capitale malienne. Après l’arrivée du général nigérien Abdourahamane Tiani lundi, le capitaine burkinabè Ibrahim Traoré a finalement atterri à Bamako mardi matin. Il a été accueilli avec les honneurs par le général Assimi Goïta, président de la transition malienne et président en exercice de l’AES. Après un léger contretemps la veille, le programme du sommet a été condensé sur une seule journée.

Les trois chefs d’État, vêtus de treillis, se sont rendus au siège de la future Télé AES pour son lancement officiel. Cette chaîne devra relayer le discours de l’Alliance afin de lutter contre la désinformation et les tentatives de déstabilisation, selon Assimi Goïta. Les dirigeants ont ensuite visité la Banque confédérale pour l’investissement et le développement, destinée à financer des projets d’infrastructures dans l’espace AES à partir de 2026. La journée s’est poursuivie au Centre international de conférences de Bamako pour l’ouverture officielle des travaux.

La veille, à la télévision nationale, Assimi Goïta avait dressé un premier bilan de l’AES. Il a évoqué la protection des ressources naturelles, une diplomatie commune et surtout des avancées sécuritaires face aux groupes terroristes. « Aujourd’hui, nous sommes libres d’aller où nous voulons », a-t-il affirmé.

C’est dans ce contexte que l’imam Mahmoud Dicko a pris la parole. Dans des messages en peul et en bambara, il explique avoir répondu à l’appel de Maliens désireux de « mettre fin aux souffrances et aux meurtres ». Il dit s’être engagé pour favoriser un retour à la paix et mettre fin à la situation actuelle du pays.

La Coalition des forces pour la République se présente comme un mouvement de résistance pacifique. Elle prône la désobéissance civile. Lancée début décembre par l’universitaire Étienne Fakaba Sissoko, la CFR regroupe des acteurs politiques et de la société civile. Mahmoud Dicko, présenté comme « référent républicain » du mouvement, vit en exil en Algérie depuis décembre 2023. Il affirme être empêché de rentrer au Mali et rappelle que plusieurs de ses partisans sont en détention.

« Levez-vous, réunissons-nous », lance l’imam, tout en rejetant toute forme de violence. Il dénonce la souffrance généralisée et le manque de liberté d’expression. Il appelle au dialogue afin de permettre au Mali de retrouver la paix. Son message s’adresse à tous les Maliens, avec une attention particulière pour la communauté peule, souvent prise entre les recrutements jihadistes et les opérations antiterroristes, et qui dénonce régulièrement des amalgames.

Depuis le lancement de la CFR, plusieurs personnalités ont annoncé leur ralliement, dont l’ancien ministre Housseini Amion Guindo. D’autres figures pro-démocratie attendaient la prise de parole de l’imam Dicko avant de se prononcer.

Au sommet de l’AES, le capitaine Ibrahim Traoré a pris la parole en premier. Il s’est excusé pour son retard, sans en préciser les raisons, avant de tenir un discours très offensif. Il a évoqué un « hiver noir », annonçant une lutte dure contre l’impérialisme et ses soutiens. Le général Abdourahamane Tiani a ensuite salué le chemin parcouru en un an, malgré les adversités, et critiqué les anciens régimes ainsi que les puissances occidentales. Assimi Goïta a conclu en mettant en avant la coordination militaire entre les trois pays et la neutralisation de milliers de combattants, tout en soulignant le poids diplomatique croissant de la confédération AES.