Soudan : Les paramilitaires s'emparent du plus grand site pétrolier du pays, un tournant stratégique
Les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre ouverte contre l'armée soudanaise depuis avril 2023, ont annoncé la prise de contrôle du plus grand site pétrolier du Soudan, situé dans la région stratégique du Kordofan-Sud, le lundi 8 décembre 2025. Cette zone est l'épicentre d'affrontements meurtriers.
Dans un communiqué diffusé sur Telegram, les FSR ont déclaré avoir pris le contrôle de la zone stratégique de Heglig suite à la "fuite de l'armée", qualifiant cette victoire de "tournant pour la libération du pays tout entier" en raison de son "importance économique".
Une source militaire, s'exprimant sous couvert d'anonymat à l'AFP, a confirmé le retrait des troupes, expliquant que cette décision visait à "protéger les installations pétrolières et éviter des dommages".
Heglig est située à l'extrême sud du Kordofan, une région devenue centrale dans le conflit après la prise totale du Darfour (ouest) par les FSR en octobre.
Selon les analystes, l'offensive des FSR dans le Kordofan vise à briser les dernières lignes de l'armée autour du centre du Soudan afin de se repositionner pour la reprise de la capitale, Khartoum, et d'autres villes stratégiques.
Depuis le début de la guerre il y a deux ans et demi, le conflit a causé la mort de dizaines de milliers de personnes, le déplacement de 12 millions d'habitants, et la dévastation des infrastructures dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Les FSR ont récemment consolidé leur position en s'alliant avec le Mouvement de libération du peuple du Soudan-Nord (SPLM-N). Ce partenariat a renforcé leurs effectifs et leur emprise sur les montagnes Nuba et certaines zones de l'État du Nil Bleu, proches de l'Éthiopie, historiquement contrôlées par le SPLM-N.
Le SPLM-N a affirmé que la prise des villes assiégées de Kadugli et Dilling, dans le Kordofan, n'était plus qu'une "question de temps". Il a exhorté l'armée à se retirer pour éviter des combats sanglants et permettre l'ouverture de couloirs humanitaires.
La situation est rendue complexe par des communications défaillantes et les annonces contradictoires des belligérants, rendant difficile la vérification indépendante des faits.
La perte d'Heglig est également un coup dur pour le Soudan du Sud, car le site abrite la principale installation de traitement de son pétrole destiné à l'exportation depuis sa sécession en 2011.
Lundi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un nouveau bilan des frappes de drones attribuées aux FSR, survenues le 4 décembre, contre une école maternelle et un hôpital à Kalogi, dans la même région du Kordofan. Le bilan fait état de 114 morts, dont 63 enfants.
Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fermement condamné ces bombardements "insensés" sur X.
Les efforts internationaux pour obtenir un cessez-le-feu restent vains, les deux camps cherchant à consolider leur avantage sur le terrain avant toute négociation. Les analystes craignent que la poursuite de la guerre n'entraîne à terme une nouvelle partition du pays, l'armée contrôlant le nord, l'est et le centre, tandis que les FSR et leurs alliés tiennent l'ouest et de vastes zones du sud.
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