La Côte d'Ivoire, leader mondial de la production de noix de cajou brutes, s'est fixé un objectif ambitieux et stratégique : atteindre un taux de transformation locale de 50 % d'ici 2030.

Cet engagement est au cœur du nouveau Programme de Développement de la Transformation de l’Anacarde (PDTA 2), élaboré lors d’un récent atelier national de co-création.

📈 Progrès Significatifs, Mais Objectif Non Atteint

Malgré une progression notable au cours des dix dernières années, le pays ne transforme actuellement que 36,5 % de sa production. Ce niveau est jugé insuffisant pour véritablement asseoir la compétitivité industrielle nationale et réduire la dépendance à l'exportation de noix brutes.

Période	Taux de Transformation	Volume Transformé
2014	6,67 %	N/A
2024	36,5 %	344 028 tonnes (vs 40 383 tonnes en 2016)

Le Directeur Général de l’Industrie, Emmanuel Tra Bi, a rappelé que si le taux actuel est "important," il reste "en dessous de l’objectif fixé par le gouvernement" qui est d'atteindre un minimum de 50 %.

🛑 Diagnostic : Les Principaux Freins à l'Industrialisation

L'atelier de co-création a mis en lumière les faiblesses structurelles qui ralentissent la transformation massive des 40 % de l'offre mondiale de cajou brut que représente la Côte d'Ivoire :

1. Gouvernance Fragmentée : Un manque de coordination efficace dans la gestion de la filière.
2. Financements Inadaptés : L'insuffisance de mécanismes de financement dédiés à l'industrie de transformation.
3. Technologies Limitées : Des technologies disponibles qui ne couvrent pas l'intégralité de la chaîne de transformation.
4. Faible Intégration Locale : Les PME ivoiriennes sont encore peu impliquées dans la chaîne de valeur industrialisée.

Emmanuel Tra Bi a souligné la nécessité de "mieux accompagner les transformateurs, notamment les acteurs locaux, qui doivent jouer un rôle essentiel dans la création de richesse."

💡 Le PDTA 2 : Les Piliers d'une Nouvelle Stratégie

Face à la domination de la transformation par le Vietnam et l’Inde (qui absorbent la majorité des exportations ivoiriennes), la Côte d'Ivoire est déterminée à "rivaliser avec les principaux acteurs mondiaux", selon Dr Malan Michel, conseiller technique au Ministère du Commerce et de l'Industrie.

Pour atteindre les 50 % en 2030, le PDTA 2 s'articulera autour de cinq réformes structurantes :

1. Gouvernance : Pour une meilleure coordination de la filière.
2. Financement : Pour des mécanismes adaptés au secteur industriel.
3. Technologie : Pour une montée en gamme et l'intégration de solutions modernes.
4. Capital Humain : Pour la formation et le renforcement des compétences.
5. Durabilité : Pour assurer un développement respectueux de l'environnement.

L'enjeu est majeur : transformer le potentiel de production en un système intégré, performant et durable afin de capter davantage de valeur ajoutée, créer des emplois et renforcer la souveraineté économique du pays.