« Depuis que je les ai vu malmener un père de famille venu emprunter le bus à sa descente du boulot non loin du CHU de Cocody, je me suis convaincu que ces gens n’étaient ni plus, ni moins que des voyous », témoigne-t-il, l’air encore enragé.
Dans ce concert de condamnation du mouvement estudiantin, il existe cependant des voix pour prendre un peu sa défense.
« Certes, ses dirigeants, ces dernières années, ont fait basculer le mouvement dans la violence, érigée en véritable mode de fonctionnement mais, il ne faut pas oublier tous les acquis à mettre à l’actif de la FESCI. Si les étudiants en sont toujours à payer la carte de bus au coût qui est pratiqué actuellement (ndlr 3000 FCFA), c’est grâce au combat de la FESCI. Pareil pour les frais de scolarité et bien d’autres acquis. On ne devrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il faut savoir raison garder », estime un enseignant de lycée rencontré hors du campus de Cocody.
C’est également loin de l’enceinte de l’Université Félix Houphouët-Boigny que Maéva accepte de témoigner. En stage dans une entreprise et en instance de ‘’soutenance’’ de son rapport de Brevet de technicien supérieur (BTS), elle fait partie des occupants dits illégaux évacués manu-militari pour certains des résidences universitaires le 5 octobre 2024.
« Je ne les dédouane pas mais, ils n’étaient pas tous mauvais. Nous qui ne connaissons personne de haut placée pour nous aider, on pouvait passer par eux, pour trouver une chambre en cité », affirme la jeune fille, qui a dû aménager chez une amie, le temps de s’organiser pour se trouver un petit appartement.
« A deux reprises, j’ai sollicité une chambre en bonne et due forme, en vain. Il a fallu que je passe par ce circuit pour avoir la chambre que j’occupais avant l’expulsion », raconte la jeune fille qui prépare d’autres diplômes en cours du soir et dont les parents, sont installés au Sud-Est du pays.
Une réunion du Conseil national de sécurité (CNS), a entériné, ce jeudi 17 octobre 2024, la dissolution de toutes les associations estudiantines sur l’ensemble du territoire national. Cette décision est intervenue après plus de deux semaines de suspension des activités de ces organisations par le gouvernement.
Ces mesures font suite aux violences observées ces douze derniers mois sur le campus de Cocody, liées au contrôle du mouvement et qui ont fait au moins deux morts.
Cités dans ces meurtres, plusieurs responsables dont le secrétaire général de la FESCI, Kambou Sié, ont été arrêtés et placés en détention en attendant leur procès.
Ce n'est pas la première fois que la FESCI est dissoute par les autorités ivoiriennes. En 1991 déjà, le Premier ministre de l’époque, Alassane Ouattara, avait prononcé la dissolution du mouvement, suite au meurtre de l’étudiant Thierry Zébié, après plusieurs heurts.
Cependant, après près de cinq ans de clandestinité, la FESCI, sous la houlette de Guillaume Soro qui en était devenu le secrétaire général, a été autorisée à reprendre officiellement ses activités.
Commentaires (0)
Participer à la Discussion