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Simone Ehivet Gbagbo, la revanche de la "Dame de fer" ivoirienne

Auteur: AFP

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Simone Ehivet Gbagbo, la revanche de la "Dame de fer" ivoirienne

L'image de son arrestation en 2011, au crépuscule d'une sanglante crise en Côte d'Ivoire, avait fait le tour du monde. Passée par la prison avant d'être amnistiée, l'ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo est candidate à la présidentielle samedi et veut tracer son propre chemin.

"On est à un moment important de l'histoire de la Côte d'Ivoire", assurait-elle mercredi soir lors d'une rencontre avec des militants à Yopougon, commune d'Abidjan qui fut longtemps un fief "des" Gbagbo.

Désormais, le nom se conjugue au singulier: la rupture avec Laurent, président de 2000 à 2011, est consommée tant sur le plan civil que politique.

Après la crise de 2010-2011, il a été incarcéré à La Haye, elle, a connu la prison en Côte d'Ivoire. Lui sera acquitté en 2021 par la justice internationale de crimes contre l'humanité, elle, condamnée à Abidjan pour atteinte à la sûreté de l'Etat, puis amnistiée en 2018.

Leurs chemins se séparent définitivement en 2021, lorsqu'à son retour en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo descend de l'avion au bras de sa nouvelle épouse, Nady Bamba et snobe ouvertement Simone, venue l'accueillir.

"Ce n'était pas bien", confie un proche, partageant un sentiment largement répandu dans l'électorat pro-Gbagbo.

Samedi, seul le nom de Simone, 76 ans, sera sur les bulletins, son ex-mari - le divorce a été prononcé en 2022 - n'a pas donné de consigne de vote.

Née en 1949, d'un père gendarme dans une famille de 18 enfants, elle a fait des études d'histoire et de linguistique.

Après avoir connu la prison dans les années 70 pour avoir critiqué le président d'alors, Felix Houphouët-Boigny, elle cofonde en 1982 le Front Populaire ivoirien (FPI) avec Laurent Gbagbo, qu'elle épouse sept ans plus tard.

Ensemble, ils auront des jumelles, dont l'une est à ses côtés pendant la campagne.

Convertie au christianisme évangélique à la fin des années 1990 après avoir échappé à un accident de voiture, elle fait régulièrement référence à Dieu dans ses prises de parole.

- "Femme de gauche" -

Lorsqu'éclate une rébellion en 2002, M. Gbagbo est au pouvoir et celle qu'on appelle la "Dame de fer" adopte des postures dures et sera accusée d'être liée à des escadrons de la mort contre les partisans de M. Ouattara. Elle a par ailleurs été entendue par la justice française dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 à Abidjan.

Jamais, cependant, elle n'a été condamnée pour des crimes de sang, ni par la Côte d'Ivoire ni par la CPI qui a levé en 2021 le mandat d'arrêt à son encontre.

En 2010, quand le pays plonge dans la crise post-électorale, "Simone" ou "Maman", comme l'appellent ses admirateurs, fustige le "chef bandit" Alassane Ouattara et le "diable" Nicolas Sarkozy, le président français d'alors.

Aujourd'hui, ses discours anti-français ont été mis publiquement en sourdine mais elle conserve une posture anti-impérialiste.

Elle n'hésite pas à "prier" pour que les juntes sahéliennes hostiles à l'Occident réussissent dans leur entreprise souverainiste, sans pour autant vouloir tourner le dos aux partenaires actuels de la Côte d'Ivoire.

Le programme de celle qui se définit comme "une femme de gauche", veut revaloriser l'enseignement technique et la transformation des matières premières sur place mais aussi la réconciliation nationale qu'elle estime inachevée.

Pendant la campagne, elle a obtenu un soutien de poids, celui de Charles Blé Goudé.

"Simone Gbagbo représente la résilience, l'espoir. Elle a touché le fond, elle a réussi à renaître. Simone prône le pardon, ce dont notre pays a besoin. Son leadership est inspirant", explique à l'AFP l'ancien leader des Jeunes Patriotes pro-Gbagbo qui lui est toujours resté loyal.

Pourra-t-elle amener Alassane Ouattara dans un second tour samedi? Peu d'observateurs y croient, tant la gauche ivoirienne avance plus divisée que jamais.

Un autre ancien compagnon de route, Ahoua Don Mello, au programme quasiment identique à celui de la candidate, est aussi sur la ligne de départ.

"Elle dirige un parti politique modeste, elle n'a pas le soutien de toute la gauche", pointe l'analyste politique Geoffroy Kouao.

"Le principal handicap de sa candidature c'est qu'à part Blé Goudé, aucun autre acteur de la gauche, et le premier d'entre eux, Laurent Gbagbo ne lui a apporté de soutien", confirme William Assanvo, chercheur à l'Institut des études de sécurité (ISS).

Auteur: AFP
Publié le: Jeudi 23 Octobre 2025

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