Burkina Faso : le gouvernement intensifie la lutte contre la mendicité
La lutte contre la mendicité au Burkina Faso connaît un nouvel élan. Entre mesures coercitives, projets de réinsertion et dialogue avec les maîtres coraniques, le gouvernement cherche à concilier protection des enfants et développement économique.
Le 7 novembre 2025, le ministre de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, Passowendé Pélagie Kaboré, a rencontré le président de l’Association des Maîtres Coraniques du Burkina (AMCBF), Idrissa Kadiogo, pour discuter des solutions durables à la mendicité des enfants, particulièrement celle des talibés. L’AMCBF a proposé des activités agricoles et communautaires pour renforcer l’autonomie financière des écoles coraniques et limiter la dépendance à la mendicité. Le ministre a rappelé que la mendicité des enfants est interdite par la loi, tout en prônant une approche inclusive, combinant protection, formation et autonomisation des enfants.
Parallèlement, la Brigade Laabal, structure civique burkinabè, mène une opération visible dans les rues d’Ouagadougou. Les mendiants interpellés participent désormais à des travaux pratiques tels que le pavage des rues et le nettoyage des caniveaux. L’objectif affiché est de réapprendre le goût du travail et de contribuer au développement local. Les responsables de la brigade avertissent que ceux qui persistent dans la mendicité, notamment ceux exploitant des enfants, s’exposent à des sanctions légales.
Des associations locales, comme Burkind Gouélé, participent également à la réinsertion des anciens talibés via des projets communautaires et économiques. En octobre 2025, leurs membres ont mené une opération de nettoyage d’un hôpital à Ouagadougou, contribuant à l’intérêt général tout en acquérant des compétences pour l’avenir. Ces initiatives montrent qu’au-delà de la répression, la lutte contre la mendicité passe par la création d’opportunités économiques et éducatives pour les enfants et les adultes concernés.
Le Burkina Faso adopte ainsi une stratégie mixte, combinant répression, dialogue et réinsertion. Les maîtres coraniques sont sollicités comme partenaires plutôt que considérés uniquement comme responsables. Cependant, certains critiques craignent que la mise au travail des mendiants soit plus punitive que structurante si elle n’est pas accompagnée d’un suivi régulier. Le rôle du parquet est également crucial pour sanctionner l’exploitation des enfants tout en garantissant leurs droits. La durabilité de ces mesures dépendra de la capacité des associations et de l’État à proposer des alternatives économiques concrètes aux familles et aux écoles coraniques, afin de réduire la dépendance à la mendicité.
La lutte contre la mendicité au Burkina Faso reste un enjeu social, économique et éthique majeur. Les récentes initiatives montrent une volonté d’agir rapidement tout en privilégiant le dialogue et la réinsertion, mais le défi demeure immense et la réussite dépendra de l’engagement des autorités, des communautés et des associations sur le long terme.
Commentaires (1)
L'Afrique toute entière devrait se mèttre dans cette logique
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