Calendar icon
Tuesday 28 October, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

Ce qu'il ne fallait pas manquer du message de Tidjane Thiam

Auteur: IvoireMatin.com

image

Ce qu'il ne fallait pas manquer du message de Tidjane Thiam

Dans un message d’une gravité qu’on ne lui connaissait pas, diffusé deux jours après le scrutin présidentiel, Tidjane Thiam, Président du PDCI-RDA, a livré une analyse sans concession. Son discours n'est pas seulement une critique des résultats : il avait tout l’air d’un plan de bataille pour la période post-électorale, qui repose sur le rejet de la légitimité du vote, une condamnation des violences et l'exigence d'un dialogue immédiat.

Une élection annulée par le "rejet silencieux" du peuple

Le premier coup de semonce de M. Thiam fut de refuser toute légitimité au processus. Il l'a affirmé sans détour : ce qui s'est déroulé le 25 octobre "n'est pas une véritable élection". Pour étayer cette assertion, il a pointé du doigt un double échec : l'instauration d'un "climat de peur" qui a miné le processus et l'évidente "faible participation visible".

Pour le Président du PDCI, le message était clair : le taux d'abstention est le "verdict du peuple", qu'il qualifie de "rejet silencieux, mais puissant" d'un exercice électoral peu crédible. Il a mis en évidence l'incohérence des chiffres annoncés et dénoncé l'illusion que le scrutin puisse apporter la stabilité. Il a rappelé que le pays a été "divisé" et a "reculé dans la construction d'une véritable nation ivoirienne".

De l’exclusion à la répression : la spirale de la crise

M. Thiam a retracé la séquence qui a mené à cette crise. Il a dénoncé l'instrumentalisation des institutions, citant sa propre exclusion des listes électorales et celles d'autres figures de l'opposition comme un préalable stratégique du pouvoir. Il a rappelé amèrement que le Président Ouattara a brigué un "4e mandat controversé".

L'opposant s'est ensuite focalisé sur la violence, déplorant la "répression brutale" des manifestations pacifiques. Son message s'est fait poignant au moment de s'incliner devant la mémoire des défunts et de dénoncer le retour de "l'horreur" dans certaines localités. Il a rappelé les drames, affirmant que "des vies humaines ont été perdues et on nous dit une personne a été brûlée vive". Il a conclu cette séquence en promettant solennellement de "lutter pour leur libération par tous les moyens légaux disponibles".

La Corruption comme ennemi principal : un appel à l’unité stratégique de l’opposition

Au-delà du contentieux électoral, Tidjane Thiam a donné un nouveau cap à l'opposition en ciblant la gouvernance économique. La corruption, a-t-il déclaré, n'est pas seulement un manquement moral, c'est un "désastre économique" qui maintient le peuple dans la misère.

Cette dénonciation est stratégique : elle positionne l'opposition sur un terrain social et technique. Il a fustigé le détournement des fonds : "Si les milliards financés par vos impôts et parfois détournés par certains s'investissaient en Côte d'Ivoire plutôt que dans des immeubles et propriétés à l'étranger, notre pays irait mieux". C'est sur ce socle d’exigence de justice et de transparence qu'il a lancé un appel vibrant à l'unité de toutes les forces vives pour faire front.

Le Dialogue : un outil pour imposer, non pour céder

Malgré la fermeté de son discours, M. Thiam a réaffirmé son attachement au dialogue, rejetant toute accusation d'appel à l'insurrection. Il a tenu à justifier son message passé du 18 octobre : "Jamais il n'est trop tard pour dialoguer. La paix est encore possible. Agissons maintenant."

Cependant, ce dialogue n'est pas une main tendue inconditionnelle. Thiam exige un "dialogue sincère" pour sortir d’une "impasse" créée par le pouvoir. Plus encore, l'opposition a clairement signifié qu'elle ne s'engagerait dans aucune discussion formelle sans des signaux clairs de bonne foi de la part des autorités. La participation aux tribunes de concertation sera conditionnée à la preuve que le pouvoir est prêt à rompre avec les méthodes d'exclusion. L'opposition utilisera ces cadres non pas pour collaborer, mais pour maintenir la pression sur des points clés et imposer l'agenda de la transparence.

L’ultimatum de la refondation

La défaite de 2025 sonne comme un ultimatum pour l'opposition ivoirienne. Son avenir ne se jouera plus sur le retour hypothétique des figures historiques, mais sur sa capacité à incarner une offre politique de rupture pour la jeunesse.

Le choix est désormais entre la fragmentation stérile et l'unité stratégique. Tidjane Thiam insiste : "Nous continuerons à nous battre pacifiquement, non pas avec des armes, mais avec de l'espoir". C'est en devenant une critique utile et constructive, ancrée dans le social et non plus dans l'émotionnel, que l'opposition pourra regagner la confiance des électeurs et faire du pluralisme ivoirien un véritable moteur de progrès pour 2030.

Auteur: IvoireMatin.com
Publié le: Mardi 28 Octobre 2025

Commentaires (0)

Participer à la Discussion