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En Côte d’Ivoire, prolifération d'infox le jour de l’élection présidentielle

Auteur: AFP

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En Côte d’Ivoire, prolifération d'infox le jour de l’élection présidentielle

Un ministre mort, l'armée française qui intervient ou des bureaux de vote en feu ? Voici le genre d'infox relayées le jour-même de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, principalement par des acteurs étrangers, afin de "perturber le scrutin" de samedi et de "créer la panique".

Les résultats finaux de la présidentielle ivoirienne sont tombés lundi: le président sortant Alassane Ouattara, 83 ans, a été réélu dès le premier tour pour un quatrième mandat, avec un score écrasant de 89,77%.

Si au moins dix personnes sont mortes dans des évènements liés au processus électoral depuis mi-octobre, le scrutin s’est globalement déroulé dans le calme samedi. Quelques heurts ont éclatés dans certaines localités du sud et de l'ouest, mais sans "incidence majeure sur le déroulement du scrutin", selon le ministre de l'Intérieur Vagondo Diomandé.

Cependant, des désinformateurs ont tenté de brosser en ligne un plus sombre tableau, à l'opposé de la réalité.

C'est ce que relevait lundi le Consortium des Organisations de la Société Civile pour les Elections en Côte d'Ivoire (COSCELCI), affirmant dans un communiqué que le jour de l'élection avait "été marqué par une prolifération de fausses informations construites pour manipuler l’opinion et entretenir la confusion".

Par exemple, une flopée de publications identiques, dont certaines suscitant plus de 15.000 réactions et 2.800 commentaires, affirmaient que plusieurs bureaux de vote précis du quartier abidjanais de Yopougon étaient victimes d'incendies volontaires, photos de bâtiments en flamme à l'appui.

D'autres posts affirmaient, là encore accompagnés de photos brandies comme preuves, que des bureaux de vote avaient été "saccagés" à "Gagnoa et Toumodi", deux villes situés à l’ouest et au centre du pays.

Mais rien de tout cela n'est vrai.

- "Décrédibiliser le scrutin" -

Un journaliste de l'AFP s’est rendu le 25 octobre à Yopougon et a constaté qu'aucun des bureaux de vote indiqués n’avait été incendié. Des investigations numériques ont permis de retrouver l'origine des photos brandies comme preuves.

Toutes sont anciennes et décontextualisées, provenant en réalité d'incendies survenus ces derniers mois au Cameroun ou au Nigeria. De même, le cliché censé montrer les désordres à Gagnoa ou Toumodi a été pris par l'agence de presse Reuters lors des récentes manifestations au Togo.

Semer le doute sur la sécurité à proximité des lieux de vote peut effrayer les électeurs et augmenter le taux d'abstention. Samedi, près de la moitié des 8,7 millions d'électeurs ivoiriens ne se sont pas rendus aux urnes.

Plus largement, "les fausses informations diffusées dans le cadre de cette élection visaient surtout à décrédibiliser l’intégrité du scrutin et à semer la panique", a indiqué à l'AFP Valdez Onanina, de l'organisation de factchecking Africa Check.

Selon le rapport du COSCELCI, la désinformation de samedi était caractérisée par des "comportements coordonnés", "avec la reproduction mécanique de mêmes textes et visuels".

Elle s'est organisée autour de quatre axes principaux, dont la dégradation de la situation sécuritaire, mais aussi de fausses annonces nécrologiques, le report supposé des élections et une prétendue ingérence française.

Un constat partagé par l'AFP, qui a débunké par exemple des infox portant sur une prétendue attaque mortelle du convoi emmenant le ministre de la Défense Téné Birahima Ouattara voter - appuyée par une photo datant de 2020 - ou sur la présence de militaires français aux abords de la Commission électorale indépendante.

- Ingérence étrangère -

Le fait que l'armée française soit mêlée à cette vague de désinformation n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt révélateur des acteurs à la source de ces infox.

Selon le COSCELCI, "deux dynamiques principales" étaient à l’œuvre samedi: une "manipulation interne" de quelques acteurs locaux, mais aussi et surtout une "ingérence étrangère", dont les "acteurs les plus actifs provenaient majoritairement de l’espace AES (Burkina Faso, Mali, Niger)".

Depuis que des militaires y ont pris le pouvoir après des coups d’État successifs entre 2020 et 2022, ces trois pays ont tourné le dos à la France et abreuvent les réseaux d'infos visant le pouvoir ivoirien, en raison notamment de ses bonnes relations avec l'ex-puissance coloniale française.

Cette tendance s'est encore accélérée avec le début de la campagne présidentielle.

"Les élections africaines offrent des occasions privilégiées de désinformation", rappelait en 2024 une étude du Centre d’Études Stratégiques de l'Afrique qui précise que les campagnes de désinformation ont "presque quadruplé depuis 2022" sur le continent.

Auteur: AFP
Publié le: Mardi 28 Octobre 2025

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