Présidentielle ivoirienne: Ouattara lance sa campagne, interpellations lors d'une manifestation dispersée à Abidjan
A deux semaines de l'élection présidentielle ivoirienne, plus de 200 personnes ont été interpellées à Abidjan samedi matin lors d'une manifestation de l'opposition dispersée à coups de gaz lacrymogène, au moment où le président-candidat Alassane Ouattara lançait, dans le centre du pays, sa campagne pour briguer un quatrième mandat.
Le climat politique est tendu dans le pays, notamment depuis que le Conseil constitutionnel a rejeté en septembre les candidatures à la présidentielle des principaux opposants, dont celles de l'ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011) et du chef de la première formation d'opposition, Tidjane Thiam.
La manifestation de samedi avait été interdite la veille par la préfecture d'Abidjan qui invoquait la nécessité de "maintenir l'ordre public".
L'opposition, dont les cadres n'ont pas été vus dans la marche, avait maintenu son mot d'ordre et quelques grappes de manifestants sont sortis dans les quartiers de Saint-Jean et Blockhauss.
Ils appelaient à la démocratie et contestaient notamment la candidature à un quatrième mandat d'Alassane Ouattara.
"Ce matin je suis venue manifester parce que je suis fatiguée de ce pays. Son temps est arrivé, il n'a qu'à partir", affirmait Marie Rolande Gouho Zion, une quadragénaire.
Face à un fort déploiement des forces de l'ordre dans ces quartiers, ils ont été dispersés à plusieurs reprises par des tirs de gaz lacrymogène. A midi, 237 personnes avaient été interpellées, selon le ministre de l'Intérieur Vagondo Diomandé qui a rappelé que la manifestation n'était pas autorisée.
Des journalistes présents pour couvrir la manifestation ont été violentés par les forces de l'ordre, qui ont saisi des appareils professionnels et effacé des images qu'ils contenaient.
Simon Doho, président du groupe du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam à l’Assemblée nationale, a dénoncé, auprès de l'AFP, des "arrestations arbitraires" et des "risques graves pour la stabilité de la nation".
"Ce que nous voulons pour notre pays, c’est la démocratie, la liberté d'expression, de voter, la participation de tous les candidats et des élections transparentes", a-t-il dit.
Sébastien Dano Djedje, secrétaire exécutif du Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, a lui évoqué une "paix imposée par les armes".
Ces deux cadres de l'opposition ont dit ne pas avoir participé à la manifestation, "empêchés" par la présence de policiers et de gendarmes.
En fin d'après-midi le calme est revenu après la dispersion des manifestants.
"La situation est globalement calme sur l'ensemble du territoire", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire.
Ces incidents tranchent avec l'ambiance festive observée à 300 km au nord-ouest, au stade de Daloa, l'ancien fief de Laurent Gbagbo.
Le président Alassane Ouattara avait choisit cette importante ville de la zone de culture du cacao, dont la Côte d'Ivoire est première productrice mondiale, pour lancer sa campagne devant des milliers de militants.
Affiches, tee-shirts, ballons géants, "ADO pour une grande Côte d'Ivoire", le slogan de campagne, se sont multipliés un peu partout dans le stade.
Dans son discours, le candidat a salué la ville de Daloa, "Côte d'Ivoire en miniature."
"J'adore cette Côte d'Ivoire qui unit femmes et hommes de différentes communautés", a-t-il ajouté devant l'ensemble des cadres du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir.
Il a également rappelé ses réalisations en matière d'infrastructures, un point fort de son bilan depuis son arrivée au pouvoir en 2011, notant par exemple la construction d'une université dans cette ville et annonçant la réalisation prochaine d'une autoroute entre Daloa et la capitale Yamoussoukro.
"Le message est clair : le 25 (octobre) nous voterons la stabilité, la paix et la continuité", avait lancé peu avant Mamadou Touré, le président de la région de Daloa.
La campagne électorale, qui voit s'affronter cinq candidats, s'est ouverte vendredi pour une durée de 14 jours.
Quatre candidats d'opposition sont qualifiés pour affronter M. Ouattara : l'ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, dissident du PDCI ; deux anciens compagnons de route de Laurent Gbagbo en rupture avec lui, son ex-épouse Simone Ehivet Gbagbo et l'ex-ministre Ahoua Don Mello ; et enfin Henriette Lagou, déjà candidate en 2015.
Plusieurs d'entre eux organisaient également un meeting ce week-end.
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