Ce mercredi 24 décembre, la capitale de la région du Sud-Ouest a été le théâtre de vives tensions. Excédés par des mois d'obscurité, les habitants de plusieurs quartiers de Buea et de sa périphérie sont descendus dans la rue pour exiger le rétablissement immédiat de l'énergie électrique.

Un cri du cœur : « We want light »

De Bonduma à Mile 18, en passant par Molyko et Sandpit, la mobilisation a paralysé la circulation. Des femmes et des jeunes ont occupé la chaussée avec des branchages, entonnant des chants de protestation. Leur revendication est simple : mettre fin à un calvaire qui dure, pour certains, depuis près d'un an.

« Nous sommes dans le noir depuis plus de trois mois avec des enfants. À l'approche de Noël, la pression est devenue trop forte », confie un résident.

Un quotidien devenu invivable

Le manque d'électricité pèse lourdement sur le budget et l'organisation des ménages :

1. Pertes alimentaires : Les stocks des congélateurs ont pourri, finissant souvent comme nourriture pour bétail.
2. Surcoûts : Achat quotidien de bougies et frais de recharge de téléphones dans d'autres secteurs.
3. Sentiment d'injustice : Les usagers affirment continuer de payer leurs factures malgré l'absence de service.

Le "blocage" comme ultime recours

Si les manifestations se multiplient, c'est parce qu'elles semblent porter leurs fruits. À Mutengene ou au quartier Sandpit, le courant a été rétabli peu après des actions de rue. Pour les populations, bloquer la ville est devenu le seul levier efficace pour forcer l'installation de nouveaux transformateurs.

Une infrastructure à bout de souffle

Le problème est structurel. Selon Jude Mbaku, rédacteur en chef de Divine Mercy Radio Television, le réseau est saturé. Les transformateurs actuels n'ont plus la capacité nécessaire pour répondre à la demande d'une population en pleine croissance.

La réponse d'Eneo : Entre surcharge et manque de moyens

L'opérateur électrique, Eneo, se dit confronté à une dégradation accélérée de son matériel. L'entreprise pointe deux facteurs majeurs :

1. La crise sécuritaire : L'afflux de déplacés internes dans les zones urbaines sature les équipements.
2. L'insécurité du réseau : La multiplication des branchements illégaux endommage les transformateurs à répétition.

Malgré des « contraintes de trésorerie », Eneo assure remplacer les appareils défaillants, mais appelle au soutien des autorités et des forces de l'ordre pour protéger les installations contre les fraudes, sans quoi les nouveaux équipements risquent de griller à leur tour.