Le dernier rapport de l’Indice mondial de la faim (Global Hunger Index), publié annuellement par un collectif de trois ONG internationales, dresse un constat sévère. Sur les 124 pays passés au crible, sept figurent dans la zone rouge dite « alarmante ». Madagascar y côtoie le Burundi, la RD Congo, Haïti, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen.

Si la Grande Île est sous surveillance depuis 25 ans, les experts s'inquiètent d'une accélération de la dégradation au cours des quatre dernières années.

Une crise structurelle plutôt que conjoncturelle

Contrairement à d'autres pays de la liste, le cas malgache interpelle par l'absence de conflit armé majeur. Pour Marie-Catherine Mabrut, directrice pays de l’ONG Welthungerhilfe, le mal est profond :

« Ce n'est pas un choc extrême qui explique cette dégradation, mais une insécurité alimentaire structurelle et interne. »

Les signaux d'alerte : malnutrition et retard de croissance

Deux indicateurs clés illustrent la gravité de la situation sur le terrain :

1. La sous-alimentation généralisée : Un apport énergétique insuffisant et une alimentation trop peu diversifiée. Dans les régions enclavées, le régime repose quasi exclusivement sur le manioc bouilli, un aliment à faible valeur nutritionnelle.
2. Le retard de croissance infantile : Les chiffres sont alarmants : à Madagascar, un enfant sur deux souffre de malnutrition, se traduisant par une taille insuffisante par rapport à son âge.

Vers une refonte de l'aide humanitaire

Face à la baisse drastique des financements internationaux, les acteurs humanitaires appellent à un changement de paradigme. Il ne s'agit plus seulement d'apporter une aide d'urgence, mais de transformer durablement le modèle :

1. Transformer le système alimentaire : Repenser l'ensemble de la chaîne, de la production à la consommation, pour garantir une meilleure qualité nutritionnelle.
2. Impliquer les populations : Co-construire des solutions avec les communautés locales pour assurer la pérennité des projets.
3. Coordonner les efforts : S'appuyer sur les consultations nationales en cours pour définir des objectifs clairs et éviter la dispersion des actions des ONG.