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Les États-Unis vont aider la Corée du Sud à construire un sous-marin nucléaire d’attaque

Auteur: Opex360

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Les États-Unis vont aider la Corée du Sud à construire un sous-marin nucléaire d’attaque

En 2004, après des fuites dans la presse, le gouvernement sud-coréen fut contraint de mettre un terme à l’initiative 362 qui, lancée un an plus tôt, dans le plus grand secret, visait à développer un sous-marin nucléaire d’attaque. Pour autant, Séoul n’a jamais renoncé à cette ambition. 

À l’époque, l’industrie navale sud-coréenne – et en particulier Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering – était impliquée dans le programme KSS-I, lequel prévoyait la construction de neuf sous-marins à propulsion diesel-électrique de Type 209 [ou classe Chang Bogo], dans le cadre d’une coopération avec l’allemand Howaldtswerke.

La même approche fut suivie pour le programme KSS-II, qui s’est depuis concrétisé par l’admission au service actif de neuf sous-marins de Type 214 [ou classe Sohn Won-yil], livrés à la marine sud-coréenne entre 2007 et 2020. 

Grâce à ces deux programmes, la Corée du Sud a pu acquérir les savoir-faire nécessaires pour concevoir ses propres sous-marins, ce qui lui a permis de mettre en service le ROKS Dosan Ahn Changho.

Issu du programme KSS-III, affichant un déplacement de 3 360 tonnes, ce dernier est doté de six systèmes de lancement vertical [VLS] pouvant tirer des missiles Cheon Ryong [1 500 km de portée] et Hyunmoo ainsi que huit tubes lance-torpilles de 533 mm. En outre, grâce à un système de propulsion anaérobie [AIP], il est en mesure de rester en immersion pendant plus de 20 jours. 

Récemment, Hanwha Ocean a lancé le ROKS Jang Yeong-sil, au titre du lot n° 2 du programme KSS-III. Plus imposant que le ROKS Dosan Ahn Changho, ce sous-marin, qui inaugure une nouvelle classe, est censé être plus « furtif » et posséder des capacités améliorées en matière de détection et de frappe. Pour autant, aussi performant soit-il, il ne répond pas totalement aux besoins exprimés par la marine sud-coréenne, qui, pour des raisons opérationnelles, entend toujours se doter de SNA.

« Les sous-marins à propulsion nucléaire sont probablement les seuls systèmes d’armes permettant de lancer des représailles après avoir survécu aux frappes préventives de l’ennemi », avait ainsi souligné un analyste du centre de réflexion Korea Defense and Security Forum, dans les pages du Korea Herald, en 2017. « Comparés aux sous-marins à propulsion diesel, les sous-marins à propulsion nucléaire offrent une manœuvrabilité et une furtivité bien supérieures. C’est comme placer un poignard sous la gorge de l’ennemi dans une ruelle sombre », avait-il insisté.

Outre les compétences pour concevoir des sous-marins, la Corée du Sud disposerait également du savoir-faire nécessaire pour développer et, surtout, miniaturiser un réacteur nucléaire. En tout cas, c’est ce qu’avait soutenu un responsable sud-coréen, dans un entretien accordé au magazine Monthly Chosun en 2016. 

« L’agence sud-coréenne de l’énergie atomique a finalisé en 2004 la conception de base d’un réacteur nucléaire pouvant être utilisé pour un sous-marin à propulsion nucléaire », avait-il dit. 

En octobre 2019, la marine sud-coréenne réaffirma ses ambitions en mettant en place un « groupe de travail » chargé d’étudier les modalités pour acquérir au moins deux sous-marins à propulsion nucléaire. 

À l’époque, alors chef des opérations navales sud-coréennes, l’amiral Sim Seung-seob avait expliqué qu’un SNA serait le « moyen le plus efficace pour détecter et détruire les sous-marins nord-coréens armés de missiles mer-sol balistiques stratégiques » en raison de sa capacité à patrouiller en immersion « pendant une période plus longue ». 

« Nous reconnaissons l’utilité et la nécessité d’un sous-marin à propulsion nucléaire, car il s’agit d’une force de dissuasion utile pour réagir simultanément à la Corée du Nord et aux pays voisins », avait-il ajouté. 

Seulement, en vertu de l’accord dit 123, signé avec les États-Unis, la Corée du Sud n’a pas le droit d’utiliser du combustible nucléaire d’origine américaine à des fins militaires, y compris pour la propulsion navale, d’enrichir de l’uranium à plus de 20 % et de retraiter du combustible nucléaire usé. D’où les tentatives répétées de Séoul pour amender ce texte. 

Le pacte AUKUS qui, conclu en septembre 2021, doit permettre à l’Australie de se procurer huit SNA dans le cadre d’une coopération avec les États-Unis et le Royaume-Uni, laissa espérer à Séoul un assouplissement de la position américaine au sujet de l’accord 123. Espoir qui fut déçu car l’administration du président Biden ne voulut rien entendre. 

Alors que la Corée du Nord serait en train de construire un sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE], les autorités sud-coréennes viennent d’obtenir satisfaction. 

En effet, le 29 octobre, après avoir finalisé un accord commercial avec Séoul, le président Trump a dit avoir donné son accord à la Corée du Sud pour la construction d’un sous-marin à propulsion nucléaire. 

« Je leur ai donné l’autorisation de construire un sous-marin à propulsion nucléaire, plutôt que les sous-marins diesel, démodés et bien moins agiles, qu’ils ont actuellement », a annoncé M. Trump, via le réseau Truth Social. « La Corée du Sud construira son sous-marin à propulsion nucléaire dans les chantiers navals de Philadelphie, ici même, dans la bonne vieille Amérique. La construction navale dans notre pays va bientôt faire un grand retour », a-t-il précisé dans un autre message

Reste à voir comment s’organisera ce projet. En juillet, lors de l’affaire des droits de douanes, la Corée du Sud avait accepté d’investir 150 milliards de dollars dans l’industrie navale américaine, alors que Hanwha Ocean venait de mettre la main sur Philadelphia Shipyard Inc. pour 100 millions de dollars. Cependant, l’activité de ce chantier naval se concentre principalement sur le marché des navires civils. En clair, il faudra créer de toutes pièces les capacités nécessaires à la construction de sous-marins nucléaires, ce qui ne sera évidemment pas une mince affaire.

Auteur: Opex360
Publié le: Mercredi 05 Novembre 2025

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