Tunisie: Nouvelle Mobilisation à Gabès : La Population Exige l'Arrêt du Complexe Chimique Pollluant
Des centaines de manifestants se sont rassemblés le 13 novembre à Gabès devant le tribunal local. Leur action visait à soutenir l'examen d'une plainte en référé qui demande l'arrêt immédiat des unités jugées polluantes du Groupe chimique tunisien (GCT), tenu responsable de dizaines de cas d'intoxication recensés depuis début septembre.
Devant le tribunal, l'espoir d'une solution était palpable. Mohamed Amairi, un manifestant, a exprimé l'attente d'une "justice" qui mettrait "fin à un crime environnemental qui dure depuis plus de cinquante ans".
Déposée le mois dernier par Mounir Adouni, chef du barreau local, la plainte en référé a été étayée par des "preuves de ce qui constitue un crime contre la ville", selon l'avocat. Les débats judiciaires ont été ajournés au 20 novembre.
M. Adouni a souligné l'urgence de la situation : « Il ne faut pas qu’il y ait d’autres retards, car le danger est imminent pour les vies de nos enfants et les hôpitaux ici ne sont pas capables de fournir les traitements adéquats. »
La colère des habitants est alimentée par les conséquences sanitaires. Ridha Moussa, un autre manifestant, a témoigné : « Nous sommes fatigués des cancers, des fragilités osseuses, des problèmes respiratoires ».
Le complexe du GCT, qui produit des fertilisants phosphatés et est installé en bord de mer depuis 1972, est une source de nuisance continue : fumées, odeurs âcres, yeux et nez qui piquent sont le quotidien des riverains et de l'ONG Stop pollution.
En octobre, des malaises et suffocations d'élèves, relayés par des vidéos d'évacuations en ambulance, avaient déjà mobilisé des dizaines de milliers de personnes dans la ville, et ce à trois reprises.
Le complexe rejette ses phosphogypses (résidus solides contenant des métaux lourds) directement dans la mer. De plus, sa production émet des gaz sulfurés, de l’azote et du fluor.
Un audit réalisé en juillet 2025 pour la Banque africaine de développement avait d'ailleurs mis en évidence des "non-conformités majeures" concernant la pollution de l’air et la pollution marine.
Parallèlement à la plainte en référé, les avocats ont déposé un autre recours, dont l'examen est prévu en décembre, visant cette fois le démantèlement pur et simple du complexe.
Malgré une promesse de fermeture faite en 2017, les autorités se retrouvent dans une situation délicate. Le président Kaïs Saïed a désigné les mines de phosphates, principale richesse naturelle de la Tunisie, comme un "pilier fondamental" de l'économie.
De plus, le gouvernement a des projets ambitieux : il prévoit de quintupler la production de fertilisants pour atteindre 14 millions de tonnes par an d'ici à 2030, rendant la fermeture du complexe de Gabès peu probable à court terme selon la ligne officielle.
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