Diffuseur de la Ligue des champions et de 100% des coupes d'Europe jusqu'en 2027, Canal+ risque de perdre très gros.

La menace se précise pour Canal+. Diffuseur de 100% des coupes d’Europe jusqu’en 2027, le groupe audiovisuel privé voit les géants du numérique lui faire de l’ombre sur le marché des droits TV. L’UEFA, qui a lancé son appel d’offres pour la période 2027-2031, a effectivement décidé de commercialiser pour la toute première fois un lot contenant un match de Ligue des champions du mardi soir, qui sera réservé aux acteurs comme Netflix, Amazon ou Apple.

« Le paysage audiovisuel est en pleine évolution, explique le directeur marketing de l’instance européenne, Guy-Laurent Epstein, dans un entretien accordé à L’Equipe. Il y a aujourd’hui des plateformes de streaming mondiales présentes de façon importante dans le paysage. Il y a une évolution du marché, une évolution de la façon dont les gens consomment les contenus de sport et de divertissement. Et on ne pouvait pas se permettre de ne pas regarder ça. »

Canal+ n’aura plus 100% des coupes d’Europe

Par conséquent, si Canal+ parvient à conserver les droits de la C1 dans deux ans, pour lesquels il paie actuellement quelque 480 millions d’euros par saison, il sera forcément privé d’une rencontre. Du moins si ce lot trouve preneur. « Nous aurons des offres de leur part, j’en suis convaincu, assure le dirigeant. Est-ce qu’elles nous convaincront par rapport aux offres marché par marché qui peuvent aussi être formulées pour ce lot ? Je ne le saurai que dans un mois. »

Les diffuseurs intéressés par les compétitions européennes de clubs remettront leurs offres le 18 novembre prochain. « À ce moment-là, nous aurons tout sous les yeux et nous arbitrerons entre le montant de l’offre globale et l’addition des marchés locaux. Le prix sera important. On a besoin que ce lot contribue de façon importante aux revenus globaux, sinon on ne prendra pas le risque », poursuit Guy-Laurent Epstein, qui donne quelques précisions sur ce lot à part.

« Sur le match diffusé mondialement, s’il est vendu, on ne pourra pas choisir dix fois le PSG ou le Real Madrid durant la phase de ligue, mais une fois chacun, détaille-t-il. Cela permet de donner aussi beaucoup de valeur aux autres lots. Ensuite, à partir de la phase à élimination directe, ce sera évidemment plus libre dans ce premier choix du mardi soir. » Un huitième de finale entre le PSG et un cador européen pourrait donc, par exemple, ne pas être diffusé sur Canal+.

« Canal+ est puissant et sait ce qu’il a à faire »

Cette stratégie de l’UEFA vise à préserver ses revenus liés aux droits TV, qui tendent à diminuer dans la plupart des grands championnats. En se tournant vers les plateformes numériques, les diffuseurs locaux, comme Canal+ en France, pourraient se sentir contraints de revoir leur offre à la hausse pour être certains de récupérer le reste du catalogue de matches. Et s’ils décidaient finalement de baisser leur prix, Netflix, Amazon ou Apple seraient là pour compenser.

Reste donc à savoir quelle approche adoptera Canal+. Ne risque-t-il pas de se froisser ? « C’est le plus gros contributeur individuellement. Mais on ne le froisse pas, répond le directeur marketing de l’UEFA. Canal+ est aujourd’hui en concurrence tous les jours avec Netflix, Prime Video et les autres. On lui dit juste qu’on ne peut pas se permettre de ne pas parler aux nouveaux acteurs. Est-ce que cela l’inquiète ? Peut-être… Mais Canal+ est puissant et sait ce qu’il a à faire. »