Revenant d'Arabie saoudite où il a été désigné membre de la Ligue islamique mondiale, le très influent et très politique imam Dicko est rentré samedi 14 janvier au Mali où il a été accueilli par des centaines de ses partisans. Mais sur la route du retour de l'aéroport, les forces de l'ordre ont dispersé le cortège à coups de gaz lacrymogènes.
Sur les images diffusées par les partisans de l'imam Dicko, on entend les tirs de lacrymogènes et on voit les nuages de fumée. Il est environ 15h. Le cortège vient de quitter l'aéroport et chemine vers le domicile de l'imam, encadré par les forces de l'ordre.
« Moi, j'étais juste derrière l'imam, dans ma voiture. Il y a des gaz qui ont frappé la voiture de l'imam, des gaz sont même entrés dans la voiture. Nous sommes sûrs que ça vient des forces de l'ordre. Il y avait des véhicules du GMS [Groupement mobile de sécurité, unité de la police malienne, NDLR]. La Garde nationale était là aussi. Ils étaient assez nombreux », témoigne Youssouf Diawara, coordinateur général de la CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l'imam Mahmoud Dicko).
Aucun blessé n'est à déplorer. Des contacts avaient pourtant été établis entre les forces de l'ordre et l'équipe de Mahmoud Dicko, selon Youssouf Diawara, de la CMAS, qui assure ne pas comprendre : « C'est vraiment étonnant de leur part. Il n'y avait pas de débordement, on n'occupait qu'une seule voie et l'autre voie circulait très bien. On avait mis en place, nous aussi, notre dispositif de sécurité. Nos militants se sont vraiment comportés d'une manière qu'on félicite. Malgré les jets de gaz lacrymogène, ils n'ont pas réagi et se sont dispersés pour aller chez l'imam après. »
Détérioration des relations entre l'imam Mahmoud Dicko et les autorité
Depuis deux ans, les relations entre l'imam Mahmoud Dicko et les autorités issues du coup d'État militaire d'août 2020 n'ont cessé de se dégrader. « Dirigeants arrogants », sommés « d'écouter le peuple » pour ne pas « commettre les erreurs du passé » : l'ancien chef du Haut Conseil islamique du Mali, en pointe lors des manifestations qui avaient précédé le renversement de l'ex-président IBK, a eu ces derniers mois des paroles très critiques contre le régime en place.
Aujourd'hui, Mahmoud Dicko s'oppose farouchement au projet de nouvelle Constitution porté par les autorités de transition. Youssouf Diawara, coordinateur général de la CMAS, estime qu'il ne faut pas chercher ailleurs l'origine de cet incident.
« Les autorités actuelles de transition voient dans l'imam leur opposant. C'est pour ça qu'elles refusent que nos sympathisants sortent pour accueillir notre parrain et montrer que le peuple est avec l'imam Mahmoud Dicko. Cela fait plus de deux ans que nous condamnons les actes venant d'eux qui ne sont pas bons pour le peuple malien. On peut dire que nos relations sont tendues. »
La CMAS demande des explications aux autorités et interpelle la justice malienne. La plateforme Jigiya Koura, qui rassemble des partis opposés aux autorités de transition, condamne « un acte odieux », « habillé d'une forte connotation politique », et demande aux autorités « de faire preuve de fermeté » en sanctionnant les auteurs des tirs.
Sollicité par RFI, le ministère malien de la Sécurité n'a pas souhaité communiquer à ce stade.
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