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Afrique

Gambie : l'histoire de la dernière photo de Yahya Jammeh

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C’est une photographie historique, car elle symbolise le départ de Yahya Jammeh. L’histoire de ce cliché est hors du commun. Une photo qui a fait le tour du monde en quelques minutes, mais qui n’a jamais été publiée par les journaux et les médias en ligne. Car elle est restée, le temps d’une nuit, anonyme. Son auteur, le photographe indépendant, Misha Somerville n’aurait même pas dû se trouver à Banjul. RFI a décidé de vous raconter l’histoire de cette image qui fixe à jamais la chute, le départ de celui qui a régné sur le Gambie durant 22 ans.

Samedi 21 janvier 2017, aéroport de Banjul, 20 h 50. La tension monte d’un cran, l’atmosphère est électrique. La Garde présidentielle investit le tarmac. Armes lourdes et soldats d’élite prennent position. Une limousine arrive à grande vitesse. A bord Yahya Jammeh et Alpha Condé. Pour l’ex-maître de la Gambie, l’heure du départ a sonné. Les journalistes - télévisions, radios et photographes - sont bloqués derrière des barrières à une centaine de mètres du jet loué par l’Etat guinéen dans lequel vont monter les deux présidents. Les hymnes sont exécutés, le cérémonial sommaire.

Alpha Condé presse le pas, Yahya Jammeh le suit vers l’avion. Les fidèles de l’ex-président, parqués comme la presse, loin de l’aéronef se mettent à avancer. Les militaires paniquent, mais la foule, comme si elle était aimantée, se rapproche de l’avion. Le président guinéen ne s’attarde pas, il monte immédiatement dans le jet. Jammeh, entouré par sa cour et ses gardes du corps, prend son temps comme s’il cherchait à gagner quelques minutes, car cette fin, ce départ synonyme de défaite et d’humiliation, a pour lui, forcément un goût amer.

« Un sourire narquois »

Dans la cohue, un caméraman de la BBC, qui tente une dernière question, se prend des coups. Les photographes sont repoussés par les forces de l’ordre. Jammeh finit par monter dans l’avion, en haut de la petite passerelle, il se retourne, salue une dernière fois ses proches en levant son Coran. La majorité des photos diffusées dans les médias montrent cette scène.

Misha Somerville est, lui aussi, repoussé par les gardes de Jammeh : « C’était le chaos total, c’était difficile de tenir compte de ce qui se passait autour et en même temps de prendre des photos. Et là, je me suis rendu compte que Jammeh était assis au hublot, j’ai continué à prendre des photos. Et c’est lorsqu’il a souri du coin de lèvres, avec ce petit sourire narquois, que j’ai déclenché et je me suis rendu compte tout de suite que c’était LA photo ».

Une image qui aurait pu ne jamais exister. La veille, le photographe, pigiste donc attentif à ses dépenses, était monté dans un avion pour rentrer chez lui. Alors que son bagage était en soute, lui installé sur son siège, il a changé d’avis « car, dit-il, je devais aller au bout de cette histoire, attendre le départ de Jammeh ».

« LA photo »

Ce cliché, esthétiquement, graphiquement, même s’il est pris au téléobjectif, est parfait. Dans leur jargon, les photographes parlent d’une « plaque ». La lumière intérieure de l’avion contraste avec le gris nocturne de la carlingue. Le visage de Jammeh est centré sur le hublot de droite, son regard, son sourire, pousse celui qui regarde à se demander ce qui se passe dans la tête du président déchu. Cette photographie illustre parfaitement la fin de ce règne, ce départ si difficile à obtenir.

Comme un oiseau dans une cage, un poisson dans un bocal, Jammeh, enfermé dans cette coque de métal ne peut plus faire marche arrière. Il est encore là, mais en fait déjà parti. « C’est la photo qui illustre cette soirée, celle que tout photographe aurait aimé prendre », explique Sylvain Cherkaoui, photoreporter indépendant, présent ce soir-là sur le tarmac de Banjul et habitué à trainer ses appareils en zone de conflit. « Le cadrage est bon, elle raconte une histoire. Jammeh a un sourire qui est à la fois faux et nostalgique. C’est d’après moi, la photo qui aurait dû faire la Une des journaux », estime le photoreporter.

Lire la suite http://www.rfi.fr/afrique/20170209-gambie-yahya-jammeh-photo-depart-misha-somerville?ref=tw_i

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