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Afrique

RDC / Moïse Katumbi: «Le président Kabila n’a plus de légitimité»

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Au Congo Kinshasa, l'élection présidentielle est attendue avant la fin de l'année. Mais pour l'instant, le gouvernement de transition prévu par l'accord du 31 décembre 2016 n'est toujours pas mis en place. A qui la faute ? Moïse Katumbi est l'une des grandes figures de l'opposition congolaise. Depuis près d'un an, il vit en exil. De passage à Paris, l'ancien gouverneur du Katanga répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

RFI : Voilà bientôt trois mois que l’accord pour une transition démocratique a été signé, c’était le 31 décembre 2016. Pourquoi ça bloque ?


Moïse Katumbi : L’accord bloque à cause du président de la République, le président Kabila, parce que la majorité ne veut pas aller aux élections au mois de novembre 2017. Pour le moment, le président Kabila n’a plus de légitimité.


Mais objectivement, est-ce que le décès du patriarche de l’opposition, Etienne Tshisekedi, le 1er février 2017, ne retarde pas l’exécution de cet accord ?


Pas du tout. Le patriarche Etienne est décédé, son corps est encore bloqué en Europe à cause du président Kabila et de la majorité présidentielle parce qu’ils ne veulent pas donner une place pour enterrer le président Tshisekedi. Nous sommes là pour continuer avec les négociations, la Cenco [Conférence épiscopale du Congo] est là. Le président croit qu’il est en train de faire passer le temps pour ne pas avoir les élections en 2017. Je crois qu’il se trompe parce qu’on a évité le chaos en décembre 2016. Je donne encore un conseil au président de la République : nous avons besoin des élections, nous avons besoin que cet accord soit appliqué le plus vite possible pour donner la légitimité à toutes les institutions dans notre pays.

En vue de cette transition démocratique, il y a plusieurs postes à pourvoir : Félix Tshisekedi a été nommé comme président du Rassemblement de l’opposition, et Pierre Lumbi, président du Comité national de suivi. Mais plusieurs opposants comme Joseph Olenghankoy [Forces novatrices pour l'unité et la solidarité (Fonus)] ne sont pas d’accord ?

Non, pas du tout, parce que toutes les plateformes [de l’opposition] étaient là [à la rencontre de Genval, en Belgique en juin 2016]. Il y a eu un consensus sur Félix Tshisekedi comme président du Rassemblement, et un consensus aussi sur Pierre Lumbi comme président du Conseil national de suivi. Pour le Rassemblement, il y a neuf plateformes qui ont signé à Genval. Ce ne sont pas des individus. Quand on n’est pas d’accord avec sa plateforme, on ne quitte pas [le rassemblement] avec la signature. La signature reste à la plateforme. Donc pour moi, c’est un faux débat. Les plateformes sont encore là et le Rassemblement reste encore très solide et très uni.

Et l’homme d’affaires Raphaël Katebe Katoto n’est pas d’accord non plus avec toutes ces nominations. Le fait qu’il soit votre grand frère, ça ne vous met pas dans une position un peu difficile ?

Je ne voudrais pas parler de la famille en politique. Il faudrait surtout qu’on évite d’emmener la famille en politique. Nous sommes en démocratie. Il est libre de faire son choix. Moi, je reste constant dans tout ce que je suis en train de faire. Je suis avec le Rassemblement, je suis en train d’accompagner Félix Tshisekedi comme Premier ministre, parce qu’il a été choisi avant même la mort de son père. Il y a eu un consensus et les évêques avaient reçu la lettre. Le président Tshisekedi avait signé pour choisir [son fils] Félix Tshisekedi comme Premier ministre.

Vous dites qu’il n’y a pas de division au sein de l’opposition, mais les Nations unies par la voix de la mission sur place, la Monusco, disent le contraire. Elles disent : « La scission au sein du Rassemblement freine la mise en œuvre de l’accord ».

Il n’y a pas de scission. Je crois que la mission [de l’ONU] doit aller bien vérifier parce que les neuf plateformes sont là et les neuf plateformes sont soudées.

Visiblement les évêques de la Cenco n’en sont pas convaincus. Ils disent : « Nous recommandons à toutes les composantes du Rassemblement de privilégier l’unité ».


Les évêques sont là pour nous aider dans les négociations pour qu’on puisse conclure le plus vite possible. Donc il n’y a pas de division. C’est une distraction de la majorité présidentielle parce que monsieur Kabila n’a plus de légitimité aujourd’hui.

Alors les évêques envoient une pique dans chaque camp. Ils disent : « non aux manœuvres dilatoires », ça c’est contre le camp de la majorité ; et « non aux intransigeances irréalistes », ça c’est votre camp qui est visé.


Ils ont raison. Ce n’est pas notre camp qui est visé, ce sont les gens qui ne veulent pas suivre la légalité. Et il y a des gens qui passent dans des chaînes de télévision pour dire : « j’étais à Genval », mais ces gens [oublient de dire qu’ils] ont été délégués par des plateformes. Ces plateformes restent soudées. S’ils ne sont pas d’accord avec les plateformes, ils sont libres de partir. Il y a les autres qui sont revenus à la raison !

Autre poste à pourvoir, celui de Premier ministre de la transition. Le camp présidentiel vous demande de lui proposer trois noms entre lesquels il choisira. Est-ce que c’est envisageable ?


Dans l’accord [du 31 décembre 2016], on ne parle pas de trois candidats [pour le poste de] Premier ministre.

Le camp présidentiel dit que, si vous ne proposez qu’un seul nom, vous forcerez la main du chef de l’Etat et vous violerez la Constitution.


S’il y a un accord, c’est parce qu’on est en dehors de la Constitution. Nous pouvons demander qu’on nous donne le président Kengo wa Dondo, normalement qui devrait diriger la transition.

Le président du Sénat ?

Oui, le président du Sénat, le président Léon Kengo wa Dondo. Le président Kabila devrait démissionner.

Vous avez été condamné en 2016 à trois ans de prison dans une affaire de spoliation d’immeuble. Vous avez aussi été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Voilà près d’un an que vous vivez en exil, entre l’Europe, la Zambie et l’Afrique du Sud. Si vous êtes coincé à l’étranger, est-ce que vous n’allez pas devoir renoncer à votre candidature à la présidentielle ?


Je ne vais pas renoncer à ma candidature. C’est vrai, je suis en exil. J’ai demandé aux évêques de continuer l’enquête sur mon cas et ils sont venus en Europe. J’attends le rapport de la Cenco qui va sortir bientôt parce que c’est du montage il n’y a plus d’indépendance dans la justice de notre pays.

Par ailleurs, vous annoncez avoir commandé 100 000 tonnes de farine de maïs pour la population du Katanga, en provenance de l’Afrique du Sud. Mais êtes-vous certain que les autorités congolaises vont accepter que vous preniez un petit peu leur place pour venir en aide aux populations du Katanga ?

Je suis en train de soulager la misère de la population katangaise.

Mais est-ce que ce n’est pas un défi lancé aux autorités ?

Ce n’est pas un défi. Au contraire, je suis en train de les accompagner. Ce n’est pas ma farine, c’est la farine de la population.

 

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