Les agriculteurs européens doivent-ils apprendre à balayer devant leur porte ? On serait tenté de le croire. Car alors qu'ils dénoncent à cor et à cri les accords de libre-échange avec l'Amérique latine qui feraient peser le risque de voir l'Europe innondée par la viande argentine ou brésilienne, ces mêmes agriculteurs ne se privent pas d'écouler leurs poulets en Afrique subsaharienne, sans s'inquiéter le moins du monde des dégâts causés aux filières locales.
Depuis quelques années en effet, le poulet européen gambade allégrement dans les savanes africaines. En 2003, 27 % des exportations de volaille européenne volaient vers l'Afrique. Aujourd'hui, ce chiffre atteint près de 50 %. Et c'est en particulier la Pologne qui en tire les bénéfices. Car la filière volaille polonaise est devenue l'une des plus dynamiques d'Europe. C'est de surcroît une véritable machine à exporter. De 2010 à 2016, les exportations de poulet polonais vers l'Afrique ont été multipliées par quatre.
Ce dynamisme européen se double d'une redoutable capacité d'adaptation. Ainsi, lorsque l'Afrique du Sud décide fin 2016 d'interdire les importations de poulet, les exportateurs européens se ruent en quelques semaines sur de nouveaux marchés, Congo, Ghana, Gabon ou encore Liberia. Le poulet européen se vend bien parce qu'il est bon marché. Au Ghana, il est trois fois moins cher que le poulet local dans le commerce de détail. Mais du coup, le Ghana a perdu une partie de sa filière volaille et détruit de nombreux emplois.
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