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Politique

Boycott des sénatoriales / Tiken Jah : « Je suis de cœur avec la marche de l’opposition jeudi »

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Tiken Jah Fakoly ne démord pas dans son opposition contre l’institution du Sénat en Côte d’Ivoire. Dans cet entretien accordé à RFI, mardi 20 mars 2018, la star ivoirienne du reggae marque sa solidarité avec l’opposition qui organise une marche de protestation jeudi prochain contre l’organisation des sénatoriales et la présence de Youssouf Bakayoko à la  tête de la Commission électorale indépendante (CEI).

Tiken Jah Fakoly, bonjour. Pourquoi êtes-vous solidaire des marcheurs de jeudi prochain contre les sénatoriales de samedi prochain?

Je suis solidaire des marcheurs parce que je pense que le Sénat n’est pas utile à la Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, nous avons déjà plein d’institutions. Il y a un Président de la République, un vice-Président, un Premier ministre, un président de l’Assemblée nationale, un président du Conseil économique et social. Je pense que toutes ces institutions ont de gros budgets. Mettre un Sénat en place aujourd’hui, je trouve simplement que c’est inutile et qu’on pourrait utiliser ce budget pour faire autre chose. Et l’autre raison est que le Sénégal a abandonné le Sénat parce que c’était inutile, il y a eu l’insurrection au Burkina à cause du Sénat, le peuple malien s’est opposé au Sénat…. C’est pourquoi je serai de cœur avec ceux qui organisent la marche jeudi prochain.

Vous serez de cœur parce que vous ne serez pas à Abidjan jeudi !

Je ne serai pas Abidjan, malheureusement, parce que j’ai une contrainte de calendrier. Je serai au Canada pour un spectacle sinon, je suis de cœur avec eux. Je pense que c’est un combat qui mérite d’être mené.

Alors ce futur sénat, il procède de la nouvelle constitution qui a été approuvée par le peuple lors d’un référendum il y a de cela 18 mois. Est-ce que ce n’est pas un projet démocratique ?

Il y a des projets démocratiques mais quand on voit que ça ne va pas dans l’intérêt du peuple, je pense que la démocratie nous autorise à nous y opposer.

Les 99 futurs sénateurs doivent représenter notamment les collectivités territoriales. Alors un pays comme le vôtre qui a été déchiré par des conflits territoriaux, des conflits à caractère ethnique et régionaliste, est-ce que ce futur Sénat ne peut pas recoudre un tissu déchiré ?

Je pense que d’autres institutions peuvent permettre de recoudre ce tissu. On a déjà les députés qui sont les représentants des peuples, donc toutes les régions sont représentées à l’Assemblée nationale.

Derrière les élections sénatoriales, l’opposition ivoirienne vise la CEI (la Commission électorale indépendante) qui, à ses yeux, n’est pas indépendante justement. Est-ce que vous partagez le point de vue de l’opposition ?

Je partage le point de vue de l’opposition parce que vous savez qu’on a eu une crise postélectorale en 2010 et ces élections ont été organisées par la CEI présidée par M. Youssouf Bakayoko. Je ne comprends pas et beaucoup de démocrates ne comprennent pas pourquoi il est encore là. A chaque fois que les Ivoiriens voient Youssouf Bakayoko à la télévision, cela nous ramène à la Crise postélectorale. Je suis donc d’accord avec l’opposition. Il faut absolument un nouveau président de la Commission électorale pour que les élections soient crédibles.

Alors de fait, à la tête de la Commission électorale indépendante en décembre 2010, Youssouf Bakayoko a déclaré Alassane Ouattara vainqueur à l’époque. Il a eu tort ou il a eu raison ?

Je fais partie des Ivoiriens qui pensent que le bilan économique de Laurent Gbagbo était négatif et donc il n’y avait pas de raison qu’il soit réélu. En plus, Laurent Gbagbo avait fait deux mandats. Il avait été élu en 2000, et en 2005 il n’y a pas eu d’élection. Donc en 2010, ça lui faisait deux mandats. Je pense que Laurent Gbagbo n’avait pas à continuer. Le fait donc qu’Alassane a été élu pour moi c’était quelque chose de positif.

Aujourd’hui Youssouf Bakayoko est toujours à la tête de la CEI. Est-ce que dans son offensive contre la CEI, le FPI de Laurent Gbagbo ne cherche pas à régler justement un vieux compte avec Youssouf Bakayoko ?

Même si le FPI cherche à régler un vieux compte, je pense que les démocrates ne sont pas en train de régler un vieux compte. Les démocrates de Côte d’Ivoire pensent que Youssouf Bakayoko mérite d’être remplacé afin que les élections soient crédibles et qu’il n’y ait pas de problème.

Au de-là de la personne de Youssouf Bakayoko, qu’est-ce qui ne va pas dans la commission électorale indépendante ?

Je ne connais pas les détails de la commission électorale. Mais ce que je sais, c’est que quand vous voyez un homme crédible, un homme qui n’est pas contesté à la tête d’une commission électorale ça peut éviter beaucoup d’erreur.

Alors en Côte d’Ivoire, la mère des batailles c’est la présidentielle à venir en 2020. Qui succèdera à Alassane Ouattara ou pourquoi pas Alassane Ouattara lui-même, disent plusieurs de ses partisans. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Je pense que ce n’est pas une bonne idée, car le combat aujourd’hui pour la nouvelle génération, c’est contre le 3e mandat. Aujourd’hui, il y a une lutte qui est menée au Congo Kinshasa. Donc avoir un 3e mandat en Côte d’Ivoire, ce serait donner des idées à la Guinée, au Mali, etc. Je pense qu’il faut éviter une sortie d’Alassane Ouattara par la petite porte. Parce que depuis Houphouët-Boigny, aucun président n’a bâti la Côte d’Ivoire comme Alassane Ouattara. Je souhaite qu’il finisse en beauté parce que cela va donner un exemple à ses successeurs.

Dans le RHDP au pouvoir, il y a du tirage en ce moment entre le camp Alassane Ouattara et le camp Henri Konan Bédié. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Le PDCI n’a pas à contester le bilan d’Alassane Ouattara puisque ça fait sept (7) ans qu’il gouverne avec le RDR, qu’ils sont ensemble. Aujourd’hui il faut simplement souhaiter que chaque parti présente son candidat. Moi, je souhaite qu’Henri Konan Bédié ne se présente pas parce que vous savez, Bédié est à la base des problèmes de la Côte d’Ivoire. Si la Côte d’Ivoire a été divisée, c’est à cause d’Henri Konan Bédié. Donc Konan Bédié comme candidat ce serait se foutre de l’intelligence des Ivoiriens.

Vous solidarisant avec les marcheurs jeudi est-ce que vous ne craignez pas qu’on dise Tiken Jah roule pour Gbagbo ?

Ah non, on ne peut pas dire ça. Vous savez, moi j’ai dit à Laurent Gbagbo de s’arrêter, il a insisté. Je suis parmi les Ivoiriens qui ont dit à Laurent Gbagbo de laisser tomber qu’il a perdu les élections donc de s’arrêter, il n’a pas écouté. Je suis donc prêt à réclamer la libération des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire, mais je ne serai jamais dans la lutte de la libération de Laurent Gbagbo parce que je lui ai dit de s’arrêter il ne s’est pas arrêté. C’est dommage. Le combat contre le Sénat, c’est parce que qu’on ne sait pas ce que le Sénat va apporter aujourd’hui en Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens.

Avec Rfi.fr

 

 
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