La presse internationale décortique ce mercredi 10 mars 2021 les résultats des législatives en Côte d'Ivoire.
« Si le parti
présidentiel conserve sa majorité absolue à l’Assemblée nationale, les
pro-Gbagbo ont démontré qu’ils restaient l’une des principales forces
politiques du pays, constate Jeune Afrique. (…) Sur les 254 sièges de députés en
jeu, le RHDP d’Alassane Ouattara en remporte 137 et obtient donc la majorité
absolue (des résultats encore provisoires puisqu’ils doivent encore être
validés par le Conseil constitutionnel). Le parti présidentiel n’atteint
cependant pas son objectif d’une majorité des deux tiers. Surtout, huit
ministres, sur la trentaine qui étaient candidats, ont été battus. »
Du coup, « Gbagbo arrache son tabouret à Ouattara », lance
le Quotidien d’Abidjan.
« Bédié et Gbagbo
ferment Yopougon, Marcory et Port-Bouët à Ouattara… mais le chef de l’Êtat
réussit ce qu’il espérait », constate pour sa part Soir Info.
Yopougon, « la plus
grande commune de tout le pays et ancien fief de l’ex-président, relève Le
Monde Afrique, que la coalition PDCI-EDS a réussi à reprendre donc au RHDP,
avec l’élection du fils aîné de Laurent Gbagbo, Michel Gbagbo. »
Au final, constate Aujourd’hui au Burkina, « avec la victoire confirmée de l’opposition
à Yopougon, Marcory et Port-Bouët, le RHDP et le PDCI-EDS se partagent ainsi la
capitale économique ivoirienne avec 5 communes pour chaque camp. Ainsi, Abobo,
Adjamé, Attécoubé, Koumassi et Treichville reviennent au parti du président
Alassane Ouattara, tandis que les communes de Yopougon, Marcory, Port-Bouët,
Cocody et Plateau tombent dans l’escarcelle du duo Laurent Gbagbo et Henri
Konan Bédié. »
L’opposition en embuscade
Reste que sur le plan national, le RHDP est toujours «
maître du jeu » : c’est ce que pointe WakatSéra, toujours au Burkina Faso. « Et
l’opposition est en embuscade », constate aussi le site d’information
burkinabé. « Certes, l’opposition n’a pas réussi à contrarier, véritablement,
les plans du parti au pouvoir qui conserve sa majorité à l’Assemblée nationale,
et qui pourrait même, à l’occasion, compter sur la marge d’une quinzaine
d’indépendants. Mais, en retournant aux urnes, après des boycotts successifs,
les opposants, qui ont même réalisé la prouesse de se réunir en coalitions (…),
les opposants se donnent de véritables chances de revenir dans le débat
politique, par la grande porte. »
À quand le retour de Gbagbo ?
Ledjely en Guinée renchérit et parle d’un « retour
remarquable de l’opposition au sien de l’hémicycle. ». Et désormais, poursuit
le site d’information guinéen, «
l’opposition ayant joué le jeu des législatives, le pouvoir devra poser
d’autres actes. Et le plus symbolique de ces actes que l’on attend dans les
prochains jours, c’est bien le retour de Laurent Gbagbo dans le pays. Après
avoir séjourné dix ans durant dans les prisons de la CPI à la Haye, l’ancien
président manifeste le désir de revenir auprès des siens. L’accord de principe
serait obtenu de la part d’Alassane Ouattara. Mais jusqu’ici cela n’a pas pu se
concrétiser, pointe Ledjely. Les élections étant donc passées, le pouvoir
ivoirien devrait rendre cela possible. »
Mais « la logique du
rassemblement ne devra cependant pas se limiter qu’à quelques actes
symboliques, poursuit Ledjely. Elle devra également se constater dans la
gestion de la Côte d’Ivoire et dans la répartition des richesses de celle-ci.
C’est ainsi seulement que la dynamique se traduira par une normalisation
effective afin de conférer au troisième mandat d’Alassane Ouattara, quoi que
disputable et controversé, plus de tranquillité que lors des deux précédents. »
Interrogations sur l’état de santé d’Hamed Bakayoko
Enfin, note L’Observateur Paalga à Ouagadougou, « la proclamation de ces résultats
provisoires s’est faite dans un contexte particulier. Dans la mesure où les
Ivoiriens avaient une oreille scotchée à l’antenne de la RTI et l’autre
suspendue au bulletin de santé du Premier ministre Hamed Bakayoko, évacué à
l’hôpital américain de Paris le 18 février puis récemment transféré au CHU de
Fribourg en Allemagne. Ce qui peut laisser penser que l’état de santé de celui
qui a été réélu député de Séguéla, depuis son lit d’hôpital, est préoccupant.
Il faut croire d’ailleurs que ce n’est pas demain qu’il va retrouver son
fauteuil premier-ministériel puisque le président Ouattara a finalement nommé
avant-hier un chef de gouvernement intérimaire en la personne de Patrick Achi.
»
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