Présidentielle 2020 "chaotique": Mamadou Koulibaly supplie les Ivoiriens et la société civile de se réveiller

Les affrontements communautaires à Béoumi, mercredi, ont servi de socle au professeur Mamadou Koulibaly, pour son traditionnel message de chaque jeudi, dénommé « jeudi, c’est Koulibaly ».

Devant ce conflit communautaire, dit-il pour cause « d’intérêts économiques », survenu à Béoumi, à 18 mois de l’élection présidentielle, et qui révèle l’échec de la réconciliation nationale, le fondateur de Lider craint que 2020 ne ressemble à 2010, si la société civile ne se laisse pas pour stopper les politiques.

« Nous sommes à 18 mois de l’élection présidentielle. L’exploitation (des conflits) par les politiques va amplifier la situation de crise, d’où la peur qu’on ressent un peu partout », averti Mamadou Koulibaly.

L’ex-président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a donc supplié les Ivoiriens de se lever et de s’imposer aux politiques, afin d’éviter la répétition des violences de 2010.

« Ne dites pas je ne fais de politique, que c’est une histoire de politiciens donc qu’ils arrangent cela entre eux. Vous voyez bien que ça ne marche pas. En 2010, quand ça c’est passé, il n’y a pas que les politiciens qui en ont payé le prix. Vous, vos médicaments, votre sécurité, vos maisons, ces booms booms, là ont traumatisé tout le monde », a rappelé Mamadou Koulibaly.

Il a préconisé trois actions pour créer la dynamique qu’il pense pouvoir faire changer les choses.

« La première étape de la dynamique, c’est d’exiger le démarrage du recensement électoral, qu’on commence à inscrire les jeunes qui ont dix-huit ans et plus sur la liste électorale », a-t-il demandé. Selon lui, au vu du recensement de la population de 2014, la Côte d’Ivoire pourrait avoir autour de 14 millions de jeunes électeurs aujourd’hui. Alors que la CEI n’a enregistré que 6 millions d’électeurs à la présidentielle de 2015. « On ne peut pas laisser ces six millions aller voter parce que s’ils font des bêtises, ce sont 25 millions d’habitants qui vont payer. Ne restez pas assis ! », a exhorté Mamadou Koulibaly.

Candidat de Lider à la présidentielle de 2020, l’ex-parlementaire a soutenu que « la liste électorale doit être mise à jour, c’est une exigence constitutionnelle, c’est une exigence morale ».

La deuxième action à laquelle Mamadou Koulibaly appelle la société civile est une pression sur le gouvernement pour la mise en place d’une Commission électorale véritablement indépendante. « Il faut que nous nous levions tous pour faire pression sur le gouvernement pour la mise en place de la nouvelle commission électorale. Celle qui conduit au conflit, c’est dans laquelle les partis politiques sont assis autour de la table. Ils sont candidats, en même temps, ils sont arbitres, comment ça peut marcher ? Si vous êtes candidats dehors, vous ne pouvez pas être arbitres là-dedans », assure-t-il.

Selon lui, les réunions convoquées par le Premier ministre au sujet de la CEI ont démontré que « le gouvernement n’a pas envie de mettre en place une Commission électorale transparente, libre, indépendante pour organiser ces élections ». Il avance que la CIE que projette le gouvernement est une copie de l’actuelle CIE avec des représentants de partis politiques et du gouvernement.

« Ca, ça va conduire au clash, il ne faudrait pas laisser faire », avertit-il.

La troisième chose qu’il appelle la population à faire est l’exigence d’une armée républicaine. « Il se lever pour expliquer que, pour aujourd’hui et demain, il nous faut une armée républicaine, une armée qui ne soit ni pour la cause des uns ni pour la cause des autres ; une armée qui est pour la république et qui observe ; qui ne s’engagera pas à aller frapper les uns pour le compte des autres ; qui ne sera pas au service des uns contre les autres », a souhaité Mamadou Koulibaly

« Avec les menaces terroristes autour, avec les tensions communautaires autour, si nous ne nous levons pas pour ces exigences, 2020 risque d’être chaotique », a-t-il averti.

Le fondateur de Lider a lancé un vibrant à la société civile : « vous, société civile, vous ne pouvez pas vous asseoir et laisser les hommes politiques faire. S’il vous plaît, réveillez-vous ! C’est à vous de décider de l’avenir de ce pays, levez-vous ! »