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Politique

Réconciliation, sécurité, Cei, présidentielle 2020...: L'Onu veut y voir clair, les questions sur lesquelles le Conseil de sécurité insiste

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Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies est arrivée à Abidjan tard dans la soirée du jeudi 14 février 2019. Le vendredi 15 février 2019, la mission a eu une rencontre d'échanges avec le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Marcel Amon-Tanoh, à Abidjan-Plateau.

Plusieurs questions ont été évoquées, pour lesquelles les Nations unies ont souhaité avoir de plus amples informations. Il s'agit entre autres des questions de sécurité, de réconciliation, de dialogue politique, de réforme de la Commission électorale indépendante (Cei), ainsi que des préoccupations liées à l'élection présidentielle de 2020 à venir. Aussi, des questions d'actualité n'ont pas échappé aux échanges entre la délégation des Nations unies et le ministre des Affaires étrangères.

Sécurité. Sur la question de la sécurité, les ambassadeurs de l'Onu se sont intéressés au processus de Réforme du secteur de la sécurité (Rss) et du Désarmement, démobilisation et réinsertion (Ddr) des ex-combattants. L'idée était de savoir comment la Côte d'Ivoire est parvenue, en moins d'une dizaine d'années après la sortie de crise, à asseoir un système de sécurité solide. Marcel Amon-Tanoh a donné des réponses plutôt méthodiques à ses hôtes, qui leur ont permis d'apprécier ce qui a été fait. Il a indiqué en fait qu'une bonne Rss est assujettie à un processus de Ddr réussi. Lequel processus doit également son succès à une formation rigoureuse des ex-combattants, non seulement pour ceux qui seront (ré)intégrés dans l'armée, la police, la gendarmerie, etc., mais également pour ceux qui retourneront à la vie civile (formation aux métiers de leur choix). Un point sur lequel le ministre a insisté, est le mode de financement de cette opération de Ddr. Il a en effet, noté que 72 % du financement a été assuré par le gouvernement ivoirien. Et c'est cela, qui selon lui, a permis de boucler l'opération en si peu d'années (2 ans), là où dans d'autres pays, l'on l'étale sur des dizaines d'années. « Si nous ne l'avions pas financé nous-mêmes et qu'il fallait attendre de l'argent de l'extérieur, nous n'aurions pas fini le Ddr en 2 ans », a souligné Amon-Tanoh. Justifiant les soulèvements de militaires en 2018 alors même que la Côte d'Ivoire négociait son élection au poste de président du Conseil de sécurité, le ministre des Affaires étrangères a informé ses hôtes que ce sont des situations qui peuvent bien survenir. Et que d'ailleurs, il est normal que des soldats qui ont combattu aient des revendications. « On a connu cela. Mais c'est terminé. Nous avons pris les mesures qu'il fallait pour régler le problème. L’État a payé et a assumé. L'argent a été donné au ministre de la Défense pour solder les arriérés », pouvait-il noter, même s'il reconnaît que cela a dû coûter un bon pactole à l’État de Côte d'Ivoire.

Terrorisme. La lutte contre le terrorisme a constitué aussi l'un des points majeurs qui ont meublé les échanges. La Côte d'Ivoire étant perçue comme un pays phare de la sous-région, l'Onu attend beaucoup d'elle en matière d'engagement dans la prévention, mais aussi dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'ouest. L'exécutif ivoirien, qui semble avoir pris la mesure de la responsabilité qui lui incombe, dans le rôle de leader que joue la Côte d’Ivoire au niveau de la sous-région, a présenté au Conseil de sécurité sa vision sur la question. « L'expansion du terrorisme dans la sous-région est liée à l'instabilité au Mali. Mais aussi, l'instabilité au Mali est consécutive à la situation en Libye. De fait, tant que le problème en Libye n'est pas réglé, tous les efforts déplorés au Mali resteront vains et l'instabilité dans la sous-région continuera de s'accentuer », a exposé le ministre. La Côte d'Ivoire, a-t-il ajouté, mise beaucoup plus sur la prévention, à travers le partage d'informations (le renseignement) avec les pays de la sous-région, et particulièrement ceux du Sahel, confrontés régulièrement aux attaques terroristes.

Réconciliation. Concernant la réconciliation, pratiquement tous les ambassadeurs, membres de la délégation s'y sont attardés. Si certains cherchaient à être mieux instruits sur la méthode ivoirienne, d'autres par contre étaient intéressés de savoir à quel niveau le pays était sur cette question. Marcel Amon-Tanoh, là encore, ne s'est pas embarrassé de faire des comparaisons pour montrer combien de fois la Côte d'Ivoire a été exceptionnelle dans sa gestion des questions post-crise. « Des pays ont connu la guerre avant nous, mais jusqu'à présent, le processus de réconciliation se poursuit dans ces pays. Une réconciliation, ça met au moins 20 ans. Le constat que je fais, est que le regard des gens sur nous, de l'extérieur, est impatient. Mais je vous demande de nous laisser un peu plus de temps. Nous sommes sur la bonne voie, et ce n'est pas facile », s'est-il prononcé. Toutefois, il a égrené un certain nombre d'actions posées par le président de la République dans le sens de cette réconciliation. Entre autres, a noté Amon-Tanoh, le président a toujours tendu la main à l'opposition et a créé les conditions d'un dialogue politique avec elle. Relevant par ailleurs que la plupart des prisonniers ont été libérés sauf ceux qui sont dans un processus de justice lié au crime de sang.

 

Actualité nationale, présidentielle 2020. Le Conseil de sécurité des Nations unies est également préoccupé par l'élection présidentielle de 2020 à venir. Certes, le chef de la délégation a dit qu'il ne fait aucun doute que tout se passera bien en 2020. N'empêche, le Conseil de sécurité entend avoir un regard sur le processus. Sans doute ce qui justifie qu'il demande au chef de la diplomatie ivoirienne : « comment la communauté internationale peut aider à une transition pacifique et pérenne en Côte d'Ivoire ? ». Évidemment, selon Amon-Tanoh, « le soutien de la communauté internationale sera toujours la bienvenue » en tout point de vue. Toutefois, il a rassuré la délégation de ce que tout va bien en Côte d'Ivoire, notamment sur le plan politique. Le ministre a évoqué la reprise du dialogue politique qui, soutiendra-t-il, est particulièrement axé sur la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei). Il a embrayé sur l'actualité politique nationale qui a été marquée ces jours-ci par le congrès du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), la démission du président de l'Assemblée nationale, etc. Sur le cas particulier de la démission de Soro Guillaume, Amon-Tanoh regrette que cette situation ait fait « beaucoup de bruit » et cela, « pour rien ». Car, expliquera-t-il, « nous sommes dans un pays où il n'y a pas de sujet tabou. Le président de l'Assemblée nationale est député Rhdp. Or le Rhdp a la majorité absolu au Parlement. Soit le président démissionnait ou il décidait de rester. Et puisque n'ayant pas la majorité au Parlement, il n'aurait pas été réélu à la prochaine rentrée parlementaire, et serait simplement remplacé par un autre ».

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