En évoquant désormais l’éventualité d’un troisième mandat en 2020, Alassane Ouattara a surpris plus d’un observateur. Dans cette tribune, André Silver Konan décrypte la stratégie inattendue du chef de l’Etat ivoirien, qui espère ainsi neutraliser les appétits au sein de la mouvance présidentielle, tout en détournant les critiques de l'opposition sur son bilan.
Janvier 2015, au palais présidentiel du Plateau : Alassane Ouattara déclare devant le corps diplomatique, à la faveur de la cérémonie d’échanges de vœux :
« À l’occasion de mes 75 ans, ceci m’amène à réaffirmer que les institutions de la République qui seront mises en place très prochainement me permettront de prendre congé en 2020 ».
Coup de théâtre en novembre 2017 : Alassane Ouattara affirme, à l’occasion d’une interview accordée à France 24 en marge du sommet Union africaine–Union européenne :
« A priori, je ne me présenterais pas (à la présidentielle de 2020). A priori (…) En politique, on ne dit jamais non. Attendez 2020 pour connaître ma réponse ».
Les coulisses d’un virage à 360°
Cette dernière position, qui entretient clairement le doute sur une candidature à la présidentielle de 2020, tranche radicalement avec sa position initiale, maintes fois réaffirmée, avant sa réélection en octobre 2015 et au moment de la campagne pour le referendum constitutionnel, un an plus tard. Une position qui avait, sans aucun doute possible, pesé dans la victoire massive du « Oui » en faveur de la Constitution qu’il proposait de modifier, sans toucher à la clause de limitation du nombre de mandats présidentiels.
Un virage à 360 degrés qui dévoile les nouvelles intentions d’Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat en 2020 ? Rien n’est moins sûr. De fait, entre ses premières déclarations et la dernière, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des ambitions politiques en Côte d’Ivoire.
À commencer par des mutineries à visées politiciennes et surtout la découverte d’une cache d’armes de six tonnes chez un proche de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale. Ce dernier est un acteur majeur, avec son rival, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, de la guerre de succession qui fait rage au sein du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel).
Neutraliser les ambitions des dauphins
À y voir de plus près, la dernière déclaration de Ouattara procède d’une raison principale : mettre un terme à la guerre de succession que se livrent – ou que sont tentés de se livrer – ses propres protégés ou alliés, aussi bien au sein du RDR que du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle) .... Lire la suite en cliquant ici
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