Une vaste opération policière lancée mardi 28 octobre 2025 dans les favelas de Rio de Janeiro a tourné au carnage. Selon les autorités brésiliennes, au moins 64 personnes ont été tuées, dont quatre policiers, dans ce qui est désormais considéré comme l’intervention la plus meurtrière de l’histoire de l’État de Rio.

Une offensive d’ampleur inédite

Près de 2 500 agents des forces de l’ordre — policiers militaires, civils et soldats — ont pris part à cette opération visant la faction criminelle Comando Vermelho (le « Commandement Rouge »), considérée comme l’un des groupes de narcotrafiquants les plus puissants du pays.

Les affrontements se sont concentrés dans les complexes de favelas du Complexo do Alemão et du Complexo da Penha, au nord de Rio. Les forces de sécurité affirment avoir saisi plusieurs armes lourdes, de la drogue et arrêté plus de 80 suspects.

Des scènes de guerre dans les favelas

Les témoins parlent de véritables scènes de guerre urbaine. Des bus et voitures incendiés, des barricades dressées, et même des drones utilisés par les trafiquants pour attaquer les forces de l’ordre.

Les habitants, terrifiés, ont dû rester confinés plusieurs heures. Plusieurs écoles et services publics ont fermé leurs portes, paralysant la vie quotidienne dans les zones concernées.

Un bilan humain qui interroge

Si les autorités locales parlent d’un « succès opérationnel », des organisations de défense des droits humains dénoncent un usage disproportionné de la force et s’inquiètent du manque de distinction entre suspects et civils.

Le ministre brésilien de la Justice a déclaré ne pas avoir été informé à l’avance de l’opération, soulevant des interrogations sur la coordination entre les différents niveaux de pouvoir.

Contexte politique sensible

Cette opération survient à quelques jours d’événements internationaux à Rio, notamment liés à la COP30, un sommet mondial sur le climat. Certains observateurs y voient une tentative du gouvernement local de montrer sa fermeté sécuritaire avant la tenue de ces rencontres.

Mais pour de nombreux habitants des favelas, la réalité est tout autre : peur, pertes humaines et sentiment d’abandon.

Une tragédie qui relance le débat sur la sécurité à Rio

Les autorités brésiliennes promettent une enquête pour faire la lumière sur les circonstances exactes de cette tragédie.

Mais pour beaucoup, cette opération illustre une fois de plus les limites de la politique répressive menée dans les quartiers populaires, où la pauvreté et la violence s’entremêlent depuis des décennies.