Reprise des Tensions Cambodge-Thaïlande : Frappes Aériennes et Accord de Trêve Rompu
La frontière entre la Thaïlande et le Cambodge est de nouveau le théâtre d'affrontements, les deux pays s'accusant mutuellement d'avoir relancé les hostilités lundi. Bangkok a notamment confirmé mener des frappes aériennes et a déploré la mort d'un soldat thaïlandais.
Cette escalade survient moins de deux mois après un accord de cessez-le-feu que le président américain Donald Trump avait qualifié d'«historique», signé le 26 octobre. Cet accord devait mettre un terme aux cinq jours de combats survenus en juillet, qui avaient entraîné la mort d'au moins 43 personnes et l'évacuation d'environ 300 000 civils.
Les violences ont repris dans la nuit de dimanche à lundi. L'armée thaïlandaise, affirmant avoir été attaquée par les forces cambodgiennes dans la province d'Ubon Ratchathani, a rapporté la mort d'un soldat et quatre blessés.
De son côté, le ministère cambodgien de la Défense a imputé la responsabilité à la Thaïlande, déclarant que les troupes thaïlandaises avaient lancé une attaque tôt lundi matin dans les provinces de Preah Vihear et d'Oddar Meanchey, sans que les forces cambodgiennes ne ripostent. Le président du Sénat cambodgien et ancien Premier ministre, Hun Sen, a appelé ses troupes à la patience, précisant que «la ligne rouge pour riposter a été fixée».
La Thaïlande a annoncé l'utilisation d'avions de chasse pour «frapper des cibles militaires» et «mettre fin aux tirs de soutien cambodgiens». Le porte-parole de l'armée thaïlandaise, Winthai Suvaree, a assuré que ces frappes étaient d'une «grande précision» et ciblaient «uniquement des objectifs militaires le long de la ligne de front, sans impact sur les civils».
Néanmoins, un soldat cambodgien, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a indiqué à l'AFP que les bombardements thaïlandais se poursuivaient encore lundi en fin de matinée à Preah Vihear.
Face à la reprise des combats, environ 35 000 personnes ont été évacuées des zones frontalières côté thaïlandais pendant la nuit. Les autorités d'une province cambodgienne ont également fait état de villageois fuyant «pour se mettre à l'abri».
Une évacuée thaïlandaise, Pannarat Woratham, 59 ans, a exprimé sa déception : «Beaucoup d'entre nous pensaient que le conflit était enfin terminé. Ça n'aurait pas dû reprendre comme ça.» Elle a souligné avoir «retenu les leçons de la dernière fois» en se préparant à partir rapidement.
L'accord d'octobre, signé à Kuala Lumpur sous l'égide de Donald Trump, avait été suspendu dès novembre par la Thaïlande suite à l'explosion d'une mine terrestre qui avait blessé quatre de ses soldats. Bangkok accuse régulièrement Phnom Penh de poser de nouvelles mines, une accusation que le Cambodge rejette, évoquant des vestiges de conflits passés et réaffirmant son engagement envers l'accord.
Si l'accord prévoyait le retrait des armes lourdes et le déminage, il n'avait rien réglé sur le fond du conflit. La source principale de ces tensions est un différend frontalier de longue date portant sur le tracé de la frontière établie durant l'ère coloniale française.
Les zones contestées, notamment autour du temple de Preah Vihear — dont la souveraineté a été accordée au Cambodge par la Cour internationale de justice — restent un point de friction majeur, Bangkok refusant de reconnaître l'autorité du tribunal sur les questions territoriales.
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