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MALI : Nous vivons un supplice » : Nioro du Sahel, ville malienne, étouffée par le blocus jihadiste du JNIM

Auteur: Ivoirematin

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MALI : Nous vivons un supplice » : Nioro du Sahel, ville malienne, étouffée par le blocus jihadiste du JNIM

Synthèse des Faits :

Depuis début septembre, cela fait deux mois que la ville de Nioro du Sahel, située dans l'ouest du Mali, est isolée du reste du pays à cause d'un blocus imposé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Les jihadistes, qui contrôlent les routes d'accès, accusent la population locale d'avoir coopéré avec l'armée malienne.

En conséquence, une cinquantaine d'habitants de Nioro ont été enlevés, en représailles à une opération militaire qui avait coûté la vie à plusieurs combattants du JNIM en juillet. Le 24 octobre, les habitants, par la voix de leur porte-parole, ont lancé un « cri du cœur » dans une vidéo, alertant sur leur détresse.

Contexte de la Crise :

Le blocus fait suite à une vaste offensive coordonnée du JNIM qui, le 1er juillet dernier, avait ciblé sept villes et localités maliennes, dont Nioro du Sahel. Cette série d'attaques s'était soldée par un échec pour le JNIM, l'armée malienne affirmant avoir « neutralisé » plus de 80 combattants. Le 3 septembre, en rétorsion, le groupe jihadiste a décrété un blocus sur plusieurs zones de l'ouest, incluant les régions de Kayes et de Nioro.

Autrefois considérée comme une zone relativement épargnée, cette région frontalière du Sénégal et de la Mauritanie connaît désormais une flambée de violence, marquée par des attaques, des enlèvements et des embuscades. L'enlèvement du khalife général de la Tijaniyya, Thierno Amadou Hady Tall, en décembre 2024, avait déjà illustré l'emprise croissante du JNIM dans l'ouest du Mali, menaçant les axes commerciaux et les frontières.

Conséquences et Appels à l'Aide :

Dans la vidéo du 24 octobre, Sidi Dicko, porte-parole des habitants, a décrit une situation de profonde angoisse : « Peu importe où tu veux aller aujourd’hui en quittant Nioro. Si, sur tes papiers, il est écrit que tu es natif d’ici, on t’enlève », déplore-t-il, réclamant la libération de la cinquantaine de disparus.

Carrefour commercial historique, Nioro voit son économie s'asphyxier. Avec les routes bloquées, les activités sont « à l’arrêt », le carburant se raréfie, les prix flambent, et les coupures d'électricité s'étendent de 7h à 19h, selon Sékou Niamé Bathily, élu communal. Tout en reconnaissant les efforts des autorités de transition, il insiste sur le fait que la crise n'est pas uniquement militaire et appelle à « mettre toutes les options sur la table », y compris le dialogue avec les jihadistes.

Analyse de la Stratégie Jihadiste :

La mobilisation autour de Nioro du Sahel est d'autant plus forte que la ville est un symbole religieux et politique important, abritant notamment le chérif Bouyé Haïdara, une figure spirituelle alliée au pouvoir de transition.

Le blocus de Nioro s'inscrit dans une stratégie bien établie du JNIM : isoler des localités en ciblant leurs accès routiers, sans chercher à les occuper durablement. Cette méthode d'encerclement est récurrente au Mali, comme l'ont montré les précédents blocus très médiatisés de Farabougou (2020), Tombouctou (2023) et Léré (2024). Le 27 octobre, un nouveau blocus a d'ailleurs été imposé à Léré, illustrant la persistance de cette tactique.

Auteur: Ivoirematin
Publié le: Vendredi 31 Octobre 2025

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